Narcos, l’incontournable série Netflix
Pablo Escobar est le personnage ciné du moment. Campé sur grand écran par le troublant Bénicio del Toro dans le finalement moyen Paradise Lost, proie inapprochable dans l’actuel Infiltrator au cinéma, il fascine scénaristes et réalisateurs par son incommensurable réussite suivie d’une chute aussi brutale que vertigineuse. 7ème fortune mondiale au coeur des années 80, il a construit un édifice considérable pour devenir l’unique importateur de cocaïne aux Etats-Unis. De quoi s’attirer les foudres de l’administration américaine et du couple présidentiel. Narcos raconte son existence dans un biopic exaltant. Et la série tient en haleine comme rarement.
Narcos en trois mots : exécutions, intimidation, massacres.
La série aurait pu durer 6 saisons rien qu’avec le contenu de ces 2 saisons. Hyper denses, travaillées à l’extrême, elles contiennent tous les ingrédients du thriller à grand spectacle. Là où beaucoup de séries se contentent trop souvent de délayer pendant de longues saisons, Narcos synthétise en deux saisons l’ascension puis la traque d’Escobar. Avec un matériau sans équivalent : la réalité. Comment Pablo a créé le Cartel de Medelin en réunissant autour de lui les barons de la drogue, comment il a tenté de se faire élire député, comment il a semé la terreur en Colombie. La série ne manque ni de rythme ni de scènes qui font froid dans le dos. Exécutions, intimidation, massacres. Tout cela est vrai.
La scène d’attaque du palais de justice à Bogota, par exemple, parait tellement incroyable qu’on ne peut imaginer que cela se soit réellement produit. Et pourtant. 100 morts, un impact sur le pays entier. Tout cela est l’oeuvre de Pablo Escobar. Avec un tel terreau, difficile de se louper. Et la série réussit à maintenir la tension en alternant entre mine patibulaire du narcotrafiquant et exactions à la chaine. Coups de fusils mitrailleurs et machettes aiguisées pullulent…
Plata o plomo
La saison 1 se concentre sur l’organisation du cartel, de la production à la distribution en passant par tous ces faciès de serial killer. Luis Guzman fait un baron de la drogue psychopathe assez crédible. Quand il lâche plata o plomo (l’argent ou le plomb), il ne donne pas envie de rigoler. Les autres comparses ont l’air tout autant déterminés à faire fructifier un trafic inimaginable. Des tonnes de cocaines, des montagnes de billets verts, le pays de cocagne. Sauf que face à eux se trouvent deux agents déterminés à les contrer. Les personnages véridiques de Javier Pena (Pedro Pascal) et Steve Murphy (Boyd Holbrook) servent de fil rouge à une traque impitoyable. Ils assistent les autorités colombiennes pour amoindrir, détruite et traquer Pablo. Humains et faillibles, ils patinent pendant longtemps avant quelques maigres succès. mais ils resserrent l’étau, inexorablement.
Et que dire de l’interprétation de l’acteur brésilien Wagner Moura en Pablo Escobar ? Si sa ressemblance n’est d’abord pas si criante que ça, il parvient à personnifier les doutes et l’implacable volonté du truand colombien. L’alternance d’images d’archives montre le vrai Pablo. A moto, pris en photo par la police, au milieu de ses somptueuses propriétés avec zèbres et flamants roses, il montre qu’Escobar n’est jamais rassasié, jamais arrivé. Il veut toujours plus et surtout se faire aimer. Il y parvient d’abord en construisant un quartier entier et en distribuant la plata. Avant de s’imposer par la terreur et de perdre ses alliés les uns après les autres. Un vrai exemple psychanalytique qu’adorerait Sigmund Freud. Bipolaire ? Schizophrène ? Syndrome de toute puissance ? Syndrome de persécution ? Il ordonne autant qu’il est personnellement capable de tuer un homme à mains nues…
Une saison 2 longuette ?
La série est un modèle d’équilibre. Pas un épisode sans son coup de théâtre, le rythme est perpétuellement garanti dans une farandole d’exécutions et d’arrestations. La saison 2 pourrait paraitre longuette. Pablo est caché, traqué, Los Pepes élimine tous ses alliés. Mais non, on reste aux aguets, toujours friand de coups de théâtre. Et comme Pablo Escobar est également très proche de sa famille, les images du bonheur familial altéré par la traque rythment le film. Même au fond du trou, le personnage garde sa volonté de fer, malgré l’étau qui se ressert et le nombre en constante diminution de ses alliés. La chute est inéluctable, cruelle et pourtant juste. On sort rassuré de la saison 2. Oui, les ordures aussi peuvent ne pas s’échapper…
Alors question : la saison 2 est-elle au niveau de la saison 1 ? Je dirais que non même si elle reste à un niveau tout à fait honorable. J’ai avalé les 10 épisodes aussi vite que possible. Signe que cette série fascine tant par son ampleur que par son impeccable réalisation. C’est un signe.
A suivre dans une troisième saison qui tentera de poursuivre l’aventure Narcos sans Escobar.
Loin d’un simple biopic de Pablo Escobar, Narcos retrace la lutte acharnée des États-Unis et de la Colombie contre le cartel de la drogue de Medellín, l’organisation la plus lucrative et impitoyable de l’histoire criminelle moderne. En multipliant les points de vue — policier, politique, judiciaire et personnel — la série dépeint l’essor du trafic de cocaïne et le bras de fer sanglant engagé avec les narcotrafiquants qui contrôlent le marché avec violence et ingéniosité.
Sortie : 2015 / 2016
Durée : 2 x 10 épisodes
Créé par : Chris Brancato, Eric Newman, Carlo Bernard
Avec : Wagner Moura, Pedro Pascal, Boyd Holbrook
Genre : Drame, Policier, Biopic, Thriller
J’ai également préféré la première saison, beaucoup plus exaltante ! Je trouve que la deuxième saison se focalise trop sur le couple Escobar. Le rythme en souffre. Le temps est plus long mais aussi plus pénible, comme une lente agonie. En même temps, il a vraiment du le vivre comme ça le bonhomme. Mais à regarder, ce n’est pas très excitant.