Une comédie douce et romantique
Suite à une erreur d’adresse, le mail d’Emmi se retrouve dans la boite mail de Léo. Une réponse en entraînant une autre, ils entament une correspondance. Leur répartie, leur curiosité et leur tempérament les poussent malgré eux dans des échanges de mails endiablés. Quoi de plus excitant que de se confier à un inconnu ?.
Cette adaptation du roman de l’autrichien Daniel Glattauer est une jolie comédie romantique, douce et pleine de subtilités sur nos nouvelles manières d’aborder les relations humaines.
Dates : Jusqu’au 23 janvier 2016
Lieu : Ciné XIII (Paris)
Metteur en scène : Judith Wille
Avec : Stéphane Duclot et Caroline Rochefort
Un simple e-mail peut-il faire basculer votre vie ? Emmi a environ 35 ans, elle se trompe de destinataire d’e-mail, à plusieurs reprises, pensant s’adresser au service client d’un magazine de ménagère. Mais c’est Léo, un professeur en mal d’amour et quelque peu déprimé, qui lui répond, à plusieurs reprises également, avant de s’éprendre lentement et de nourrir une addiction à cette relation épistolaire. Un message après l’autre se noue une relation de plus en plus intime, de plus en plus fantasmatique.
L’auteur pose la question des relations fictives qu’imposent les nouveaux moyens de communication
Dans cette adaptation du roman de Daniel Glattauer, l’auteur pose intelligemment la question des relations fictives qu’imposent les nouveaux moyens de communication. Il interroge sur les identités questionnées par les supports numériques : derrière son écran, Emma devient Emmi. Qui est Emma, qui est Emmi ? Nos identités sont-elles masquées par la barrière de la machine ? Les relations épistolaires du XXIème siècle relèvent-elles du virtuel, du fantasme ? Entre imaginaire et réalité, Glattauer raconte le rapport de l’homme à son environnement à la fois réel et numérique.
Emmi et Léo jouent un rôle, ont leur propre vie mais vivent l’amour cachés derrière un clavier. Pour Judith Wille qui a assuré la mise en scène de ce texte, « à travers cette correspondance , les états d’âme universels du couple sont abordés avec une grande finesse faisant de cette pièce un texte résolument moderne et actuel« .
Côté scénographie, Judith Wille choisit d’épurer son décor composé de simples tables blanches plus ou moins déstructurées et re-structurables à souhait. Ainsi à chaque saynète, les deux personnages modulent leur propre décor de manière absolument symétrique. Dans ce décor minimaliste et futuriste à la fois, le spectateur est appelé à faire preuve d’imagination pour penser l’environnement des deux personnages.
Un décor symétrique : des tables mobiles identiques se transforment à mesure du spectacle
Selon Judith Wille, « cette construction évolutive permet de symboliser l’espace extérieur et le monde intérieur des personnages ». Peut-être la froideur de ces décors rappelle-t-elle également l’austérité d’un e-mail. Curieusement, les comédiens agissent également en symétrie : s’habillent avec les mêmes coloris alors qu’ils ne se voient pas, effectuent les mêmes gestes, mais ne se reconnaissent pourtant pas lorsqu’ils se donnent rendez-vous. La mise en scène fait donc étroitement écho à la symbolique du message de la pièce, à la complexité des relations virtuelles.
Une mise en scène ingénieuse pour une pièce poétique et délicate.