La Reine de Beauté de Leenane
Une mère et sa fille se déchirent dans un coin reculé de l’Irlande. Cris et fureur résonnent au Lucernaire dans une atmosphère éprouvante qui prend aux tripes. Les 4 acteurs mettent le public au défi de supporter leurs querelles pour une tragédie moderne prenante sur fond de misère sociale crasse. Plus que 7 représentations, il faut s’activer pour ne pas manquer ce puissant moment de théâtre!
Du théâtre de combat
La Reine de Beauté de Leenane met immédiatement dans le bain. Un cocon familial réduit au maximum voit une vieille hypocondriaque et sa fille communiquer constamment sur le mode guérilla familiale. La mise en scène épurée s’appuie sur un mobilier minimal pour caractériser un dénouement total et des repères brouillés. La porte s’ouvre avec un éternel bruit de vent violent, la télé raisonne de programmes ineptes, la nourriture se réduit à de maigres portions de produits que l’on imagine chimiques. Pas de paroles douces ou de communications apaisées, les décibels sont en mode avion au décollage et c’est supposé se produire depuis déjà trop longtemps…
Des péripéties perturbantes
Les deux harpies frayent avec deus voisins englués dans le même contexte de gueuserie généralisé. La vieille fille a le secret espoir de s’échapper de la mouscaille lorsqu’elle se rapproche d’un voisin penaud mais attirant. Même dans l’obscurité la plus sombre d’une existence sans lendemain qui chante, la lueur de l’espoir se fait entrapercevoir. Le public espère un happy end après un préambule plombant. Mais le ton est à la tragédie, et si des rires se font entendre, ils sont jaunes et désabusés. La petite troupe emmène l’assistance dans le désespoir d’une pièce écrite par Martin McDonagh, réalisateur de Bon Baisers de Bruges et les 7 psychopathes. Auteur de théâtre, l’auteur de 46 ans choisit un ton désenchanté pour révéler les drames existentiels de petites gens sans avenir.
La pièce est pesante mais puissante, elle crispe tout du long et révèle ce qu’une troupe aguerrie peut produire avec un texte de qualité. Cette Reine de Beauté mérite le détour!
Dates : Jusqu’au 16 octobre 2016 à 19h du mardi au samedi et 15h le dimanche
Lieu : Lucernaire (Paris)
Metteur en scène : Sophie Parel
Avec : Catherine Salviat, Gregori Baquet, Sophie Parel et Arnaud Dupont