Rodin, une exposition du centenaire à ne manquer sous aucun prétexte
Cent ans après la disparition du monstre sacré Rodin, le Grand Palais lui rend hommage dans une exposition destinée à marquer la saison parisienne. Ce n’est pas seulement le sculpteur qu’elle invoque, mais également le peintre, le dessinateur, le précurseur et l’inspirateur d’une riche postérité. Le parcours accumule les pièces de choix et illustre parfaitement la majesté de celui qui révolutionna la statuaire en lui adjoignant une expressivité inédite et des techniques innovantes qui placent Rodin aux côtés de Picasso, Braque et Matisse dans l’histoire de la création artistique, rien de moins. Une exposition immanquable pour qui aime s’enivrer de l’art sous toutes ses formes.
Une expressivité légendaire
Rodin, l’exposition du centenaire ne perd pas de temps pour plonger immédiatement le visiteur dans le bain. Les premières salles du rez-de-chaussée sont rien de moins qu’un enchantement permanent quand se dévoilent les statues les plus légendaires de l’artiste. Les 6 Bourgeois de Calais sont des martyrs promis au sacrifice et entamant une lente procession vers la mort. Tout l’art de Rodin pour transformer la matière brute en substance proche de la chaire animée saute immédiatement aux yeux des visiteurs, les personnages semblent si réels et en pleine déliquescence physique que l’émotion jaillit instantanément. Un peu plus loin s’expose une des icônes majeures de l’art universel, à la taille monumentale et à la majesté intimidante, ce Penseur symbole d’une humanité qui pense et s’éloigne ainsi de l’animalité. Censé s’insérer dans la Porte de l’enfer exposée un peu plus loin, ce personnage représente Dante en pleine introspection à la contemplation des cercles de l’enfer. La foule nombreuse marque immanquablement une pause assez longue pour saisir la puissance que dégage ce personnage massif en plein exercice de la pensée. Encore un peu plus loin se dévoile une oeuvre toute en délicatesse et en émotion, ce Baiser qui insufflerait l’amour de l’amour à tous les hommes de la terre. Les corps s’enlacent, la pierre se fait soie, les sentiments jaillissent comme des torrents impétueux. Le premier niveau de l’exposition se clôture devant cette monumentale Porte de l’enfer qui marqua une étape décisive dans la reconnaissance de l’artiste. La première partie de la visite s’achève et le visiteur est déjà sous le choc d’oeuvres qui le laissent sans voix tant chacune dégage une force qui confine à la fascination.
Un artiste protéiforme
Le second niveau de l’exposition offre un panorama des autres talents du sculpteur. Dessinateur de génie, il s’entoure très tôt de toiles de maitres qu’il choisit avec application. Au-delà d’oeuvres attachées de très près au maitre, l’exposition expose également des oeuvres d’autres artistes pour souligner l’héritage exploité par une riche descendance artistique. Carpeaux, Richier, Giacometti, Bourdelle, Claudel, Brancusi, Picasso, la liste donne le vertige et souligne encore un peu plus la place centrale occupée par Rodin dans l’histoire de l’art. Annonciateur des la modernité et à l’origine d’un renouveau dans l’approche de la matière, Rodin s’est affranchi des contraintes formelles en ayant recours à des techniques révolutionnaires toujours employées de nos jours. L’assemblage, la fragmentation et les réemplois lui permettent de créer des formes à la puissance inégalée, de celles qui seront encore admirées dans plusieurs siècles.
Le parcours de l’exposition se finit dans une ambiance moins monumentale et plus intimiste pour un constat sans appel. Cette exposition du centenaire de Rodin est un évènement artistique majeur à ne manquer sous aucun prétexte. Le Grand Palais vous attend, la réservation est grandement recommandée pour ne pas passer de longues minutes dans la file d’attente devant les marches du bâtiment.
Dates : du 22 mars au 31 juillet 2017
Lieu : Grand Palais (Paris)
Entrée : 13 €