Théâtre du Rond Point
Jusqu’au 5 juillet
Du mardi au samedi à 21h et le dimanche à 15h
Pour réserver consultez le site du théâtre
Les Semianyki (« la famille ») sont de drôles de personnages embarqués dans une aventure qui semblait prometteuse : un voyage à bord du Semianyki Express, un train tout droit sorti du fin-fond de la Russie.
La promesse est belle : traverser les bords de la Volga et les montagnes enneigées de la Russie d’hier et d’aujourd’hui. Et c’est une troupe russe, issue du Teatr Licedei de Saint-Pétersbourg, qui vous accueille au cœur d’un vieux wagon aux couleurs ocres. La salle est pleine et c’est à guichets fermés que cette troupe tourne depuis quelques années.
De mots dans cette pièce, il n’y en a pas. Tout est mimes et bruitages, les personnages eux, ont le visage teinté de blanc à la manière des chanteurs israéliens les Voca People. Mais à la différence de ces derniers, les Semianyki ne sont ni des chanteurs accomplis ni des danseurs de compétition. Ce sont plutôt des clowns qui enchaînent des gags relevant du déjà-vu, qui font parfois sourire mais peuvent susciter chez certains un sentiment de frustration.
Dans une mise en scène aussi minutieuse, au gré de décors aussi poétiques et harmonieux, on aurait espéré un peu plus de poésie, de finesse dans les textes (NDLR : comprenons texte « induit » par certaines scènes :-), puisque c’est en partie du mime !) et les actions des personnages. Si ces clowns joyeux suscitent les émerveillements et éveillent certains souvenirs d’enfance, ils sont parfois trop dans le « clownesque » pour être crédibles. Quel dommage de ne pas avoir ajouté à ce spectacle une touche de délicatesse et de performance artistique confirmée (une vraie danse, un vrai chant, n’aurait pas été de trop). A mi-chemin entre le spectacle de cirque, la comédie de boulevard et le théâtre de rue, Semianyki Express laisse un peu perplexe. On y passe un agréable moment, au gré d’un voyage en train somme-toute sympathique, mais on en ressort sans vraiment avoir compris le pourquoi du comment. Il manque peut-être une touche de classicisme à la française dans cette peinture russe déjantée.
« (…)on aurait espéré un peu plus de poésie, de finesse dans les textes et les actions des personnages.(…) »
Une peu plus de finesse…. « dans les textes?! »
C’EST DU MIME!
Vous êtes sûre de ne pas vous être trompée de salle?
Par ailleurs, le spectacle est excellent, très drôle et souvent très émouvant. Evitez les tristes avis des snobs et des cuistres blasés, si vous avez le moral à plat et voulez vous évader un peu, ne boudez pas ce moment…
Cher monsieur/madame 🙂
Je ne me suis pas trompée de salle, mais effectivement peut-être que mon « texte » prête à confusion. Il s’agissait plutôt de parler du texte induit par certaines scènes (mais c’est trompeur j’en conviens, et je vais le corriger), qui m’ont parues parfois trop grotesques et tranchant avec la poésie d’autres scènes plus délicates.
Par ailleurs, ce n’est que mon avis et je l’exprime, je ne vois pas en quoi il est plus snob qu’un autre :-).
Je ne me permettrais pas de dire que votre article est snob… mais en revanche il est tristement français dans cette incapacité à saisir l’essence tragicomique de l’existence. Les russes (comme les italiens ou les espagnols) adorent mêler la plus grande trivialité à la poésie et à l’émotion parce qu’ils considèrent (à juste titre il me semble) que la vie est ainsi faite… Le classicisme français – qui a conduit Voltaire par exemple à mépriser la truculence de Rabelais, Molière ou Shakespeare – est artificielle et désincarnée… Affaire de goût sans doute… mais en revanche, il est un peu absurde de votre part, de reprocher à des russes… d’être russes justement… Pour moi, ce spectacle est magique, drôle, bouffon et émouvant comme l’est la Russie où le rire a toujours les yeux pleins de larmes…