Snowden, biopic énervé sur une histoire d’état renversante
Après avoir défrayé la chronique en 2013, Ed Snowden fait déjà l’objet d’un biopic de la part du plus polémique des réalisateurs américains, Oliver Stone. En révélant au monde les agissements nébuleux de la NSA, Snowden s’est mis à dos le gouvernement des Etats-Unis, lui faisant craindre la prison à vie, voir pire. Le thriller sort les violons et n’hésite devant aucun procédé cinématographique pour aviver la tension. Pas très subtil, mais il est à craindre que la réalité ne le soit pas plus…
Habitué des films chocs après les controversés Tueurs Nés, Né un 4 Juillet et JFK, Oliver Stone s’est fait une spécialité de taper sur son pays adoré pour mieux en faire ressortir la duplicité. Le fil rouge réside dans deux histoires parallèles. D’abord l’élection de Barack Obama en 2008, mettant en rapport ses promesses et la réalité. Il promettait le respect de la vie privée pour finalement laisser la NSA infiltrer mails, réseaux sociaux, communications et webcams sans demander l’autorisation à personne. Ensuite l’existence du jeune informaticien surdoué Snowden sert la dramaturgie du film. Mis très tôt dans la confidence des procédés transversaux des agences d’état, il ne cessera de très mal vivre la liberté prise par la NSA, jusqu’à prendre le risque de dévoiler à un journaliste du Guardian la réalité de la surveillance généralisée.
Le fond du film ne peut que mettre sur le derrière les spectateurs tant l’impudence de la NSA parait invraisemblable. Et pourtant, tout est vrai, ne suscitant qu’un scandale limité et n’arrêtant rien. La forme du film est plus critiquable. Si Joseph Gordon-Levitt fait un Snowden plus vrai que nature en reprenant sa voix et ses attitudes, Oliver Stone use et abuse d’une musique volontairement dramatisante pour enfoncer le clou. Ce qui n’était que le quotidien banal d’un informaticien devient un thriller digne de John Le Carré. Or, jusqu’en 2013, Snowden collaborait bon an mal an… méfiez vous de l’eau qui dort! Shailene Woodley quitte ses rom’com’ habituelles pour interpréter la dévouée compagne sans jamais scandaliser. Un bon point également pour Rhys Ifans, parfait en éminence grise jamais vraiment discernable.
Le film intervient dans une actualité brulante, de celles qui remettent en cause la démocratie et les agissements trop cavaliers des gouvernants. Si le procédé peut parfois fatiguer, l’important est ailleurs et la ligne rouge risque d’avoir été franchie il y a déjà bien trop longtemps. Oliver Stone s’évertue à nous le démontrer, certes avec des gros sabots mais l’intention est là. Louable.
Patriote idéaliste et enthousiaste, le jeune Edward Snowden semble réaliser son rêve quand il rejoint les équipes de la CIA puis de la NSA. Il découvre alors au cœur des Services de Renseignements américains l’ampleur insoupçonnée de la cyber-surveillance. Violant la Constitution, soutenue par de grandes entreprises, la NSA collecte des montagnes de données et piste toutes les formes de télécommunications à un niveau planétaire.
Choqué par cette intrusion systématique dans nos vies privées, Snowden décide de rassembler des preuves et de tout divulguer. Devenu lanceur d’alerte, il sacrifiera sa liberté et sa vie privée.
En juin 2013, deux journalistes prennent le risque de le rencontrer dans une chambre d’hôtel à Hong Kong. Une course contre la montre s’engage pour analyser les preuves irréfutables présentées par Snowden avant leur publication.
Les révélations qui vont être faites dans cette pièce seront au cœur du plus grand scandale d’espionnage de l’histoire des États-Unis.
Sortie : le 1er novembre 2016
Durée : 2h14
Réalisateur : Oliver Stone
Avec : Joseph Gordon Levitt, Shainlene Woodley, Rhys Ifans
Genre : Thriller, Biopic