Le film débute sur les chapeaux de roue. Un accouchement en full frontal souligne dès le départ que le film évoquera la famille et les liens du sang. Les deux soeurs Sofia (Ingrid Isensee) et Ana (Maria José Siebald) sont les principales protagonistes d’un film qui rappelle un Almodovar tourné à la sauce Woody Allen. Sofia est à l’origine d’un cataclysme familial désopilant. Jeune mère divorcée, elle se met en off en fuyant volontairement les technologies de notre époque. Portable remisé au placard, télévision débranchée, internet déconnecté, Sofia recherche la paix et la tranquillité pour se reconstruire et préparer l’avenir. En se préparant à la maternité, elle suit une voix troublante pour ses proches, jusqu’à remettre en cause les vérités tues et faire se révéler les petits secrets. Le scénario est linéaire mais pas sans surprises. Le père de famille se laisse convaincre par l’exemple de sa fille de la possibilité d’une nouvelle vie, attisant les flammes de l’incompréhension familiale. Sa femme toujours amoureuse est sacrifiée sur l’autel de la nouveauté, aimantant les deux soeurs pour lui venir en aide tandis que le père fait l’objet des foudres familiales.

Ana revient d’Europe avec son compagnon (Niels Schneider). Comme sa soeur qui fait voeu de silence technologique, elle s’est déconnectée de son cocon familial et le retour au bercail n’est pas sans difficultés. La mère Mathilde est interprétée par Paulina Garcia aperçue récemment dans un Gloria iconoclaste et libéré. Voix Off emprunte le même sentier, le ton est à la comédie malgré les difficultés et une ironie mordante ne quitte jamais vraiment les personnages. Le divorce, le couple, la mort, les sujets sont abordés avec un naturel confondant, transforment les catastrophes en leçons de vie résolument optimistes. L’humanité n’est jamais remplacée par le cynisme et les travers de chacun sont exposés sans ambage, captant irrésistiblement l’attention du spectateur, curieux de savoir comment va se finir cette déstructuration désopilante de la structure familiale.

Cristian Jimenez propose un long métrage jubilatoire aux tonalités sud américaines et anglo saxonnes mêlées.Cette famille chilienne n’a finalement rien de différent d’avec nos repères européens, l’histoire happe le spectateur pour un déroulé divertissant et interpellant sur les chemins de notre vie. Lequel choisir ? La question est ouverte.