La révélation Albert Marquet au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris
Le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris met à l’honneur le peintre Albert Marquet (1875-1947). Moins connu que ses prestigieux contemporains, il réalise une synthèse post impressionniste qui le met à part dans une époque de foisonnement pictural. Acolyte d’Henri Matisse, il creuse le sillon d’une insatiable recherche de modernité, du classicisme au fauvisme en passant par des partis pris originaux sur ses nus. Un choc esthétique pour ce peintre gracieux et élégant.
Le parcours chronologique met astucieusement en évidence les constantes explorations d’Albert Marquet. Né à Bordeaux, il a passé la majeure partie de son existence sur les quais de Seine, à proximité de Saint Michel et de Notre Dame de Paris. Ses variations sur la cathédrale rappellent les travaux de Monet sur la cathédrale de Rouen, avec des variations de lumière qui métamorphosent le monolithe de pierre. Il sacrifie aux voyages normands et immortalise les paysages balnéaires, avec ces longues plages épurées et ces quais portuaires. Le gris et le bleu se marient habilement avec moins de brume que les impressionnistes et plus sensibilité de que les académiques. Il offre une vision toujours esthétique et enthousiasmante de paysages comme pour inciter à leur découverte.
Les exercices de nus rendent compte de sa sensibilité, avec ces visages dans l’ombre et ces harmonieuses courbes. Avide de voyages, Albert Marquet livre sa vision des paysages africains, arpentant Alger la Blanche et l‘Afrique du Nord avec l’oeil toujours curieux. L’eau est son motif favori, il la fait vivre avec une éternelle touche elliptique et dépouillée. Mais c’est ce tableau nocturne qui foudroie le visiteur comme une évidence. Loin des habituels ciels bleus et plages limpides, c’est une vision majestueuse des lumières de la Samaritaine reflétées sur le Pont Neuf adjacent qui éblouit le visiteur. Oeuvre onirique puissante, elle rappelle l’art du peintre pour faire surgir de ses toiles de profonds sentiments. Difficile de sortir de sa rêverie mais les pièces exposées remettent l’esprit en place.
Pas vraiment académique, pas complètement impressionniste, Albert Marquet occupe une place particulière, trop longtemps minorée. Il faut visiter le MAM Paris et découvrir son oeuvre exigeante et singulière, pour un vrai moment de bonheur artistique.
Dates : Jusqu’au 21 aout 2016
Lieu : Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris
Entrée : 12 €