Jusqu’au 6 janvier prochain, la première demeure royale accueille une exposition toute particulière de la collection Pinault, présentée pour la première fois en France. Dans un lieu emblématique et empreint d’histoire, l’ancienne prison de Paris dévoile une thématique d’exposition aussi atypique que puissante, celle de l’enfermement. Un sujet qui s’est imposé de lui-même compte tenu du lieu choisi. Le parcours de l’exposition est rythmé par une cinquantaine d’œuvres de 23 artistes différents, toutes réunies sous le thème de l’emprisonnement social et individuel. Par une diversité des formats et des supports présentés (peintures, installations, vidéos, sculptures), ce parcours impressionne aussi bien par la froideur de sa thématique que par l’éclectisme des œuvres qui le composent.
La Conciergerie, CMN.
Dans une atmosphère froide et sous les voûtes en croisée d’ogive de la Conciergerie, le visiteur détenu pénètre d’abord dans la Gabbia (la Cage), une installation de Michelangelo Pistoletto faite de miroirs suscitant une lourde impression d’emprisonnement. Cette balade dans les méandres de l’enfermement s’articule en deux parties : la première aborde les grands bouleversements qui frappent notre temps (catastrophes écologiques, terrorisme, guerres civiles) aux travers des œuvres de Bill Viola, Friedrich Kunath, Diana Thater ou encore Mona Hatoum.
Friedrich Kunath, The Past is a Foreign Country, 2011.
La seconde dévoile l’individu confronté à lui-même et à son désarroi psychologique, illustré notamment par l’installation puissante de Sung Yen et Peng Yu, des vieillards plus vrais que nature mourant sur des fauteuils roulant. Peur de la mort, angoisse de la vieillesse, folie, culpabilité, phobie de la maladie, tant de sujets durs abordés par une dizaine d’œuvres d’inspirations différentes. On y retrouve par exemple l’installation de Damien Hirst mettant en scène des étalages de médicaments, rappelant la phobie naturelle de la maladie.
Raphaëlle Ricol Malgré la différence, 2009
Finalement, c’est un double visage de l’enfermement que nous donne cette exposition. Le premier, c’est celui d’un enfermement créé par le déclin du monde, les guerres incessantes et les conséquences hasardeuses des catastrophes naturelles, mais aussi l’enfermement religieux, la contrainte des cultures et des sociétés, le non-respect des libertés individuelles. Un enfermement causé par les externalités du monde. Le second visage de l’enfermement est celui de l’isolement, des peurs personnelles, de l’angoisse de la mort et du désarroi de l’individu, celui qui met l’homme face à lui-même et devant son destin. Enfermé, à triple tour.
Informations pratiques
A triple tour
Du 22 octobre 213 au 6 janvier 2014
Ouvert tous les jours de 9h30 à 18h
Sauf les 25 décembre et 1er janvier
Ouverture nocturne jusqu’à 20h les 24, 25, 26, 27 octobre et les mercredis du 30 octobre au 18 décembre – dernier accès à 19h