American Hero chamboule la définition du héros et le spectateur
Avec moins de 10 films à son actif, Nick love est encore un jeune réalisateur. Son dernier film, American Hero, qui sortira en salle le 8 juin, augure une belle carrière.
Drogues, femmes, errances, beuveries … toutes ces réjouissances et autant de nuits « clochardesques » à la belle étoile, la mémoire altérée par l’alcool, composent la vie de Melvin. Stephen Dorff endosse, et joliment, le rôle de cet homme à la dérive, divorcé et interdit de voir son fils par décision de justice. Une vie dissolue qui se dessine sur fond d’une Nouvelle-Orléans pauvre plantée de baraques austères et pourrie par la violence. Les rues désertes n’accueillent plus ni habitant ni justice, seul le soleil et les dealers de drogue frappent encore. Peu d’avenir ici à l’illustration de Melvin et sa vie oisive de bringues et de crapuleries. Pourtant, il possède un don exceptionnel : il peut déplacer les objets par la seule force de sa pensée.
Ici, le parti pris par Nick Love décontenance et réjouit ! Gavé aux Marvel, on s’attend à ce qu’un homme doté de pouvoirs les mettent au service du bien ou du mal, qu’il élabore un plan pour sauver ou ruiner l’humanité ! Mais Melvin n’en fait rien … il s’en sert tout juste pour agacer ses proches, séduire ses conquêtes et voler impunément.
[…] Le parti pris par Nick Love décontenance et réjouit !
Anti-héros. Un héros Melvin ? Non, un loser. La lutte du personnage avec lui-même est la clé du film. Melvin s’est choisi loser, il a choisi l’oisiveté, l’insouciance, le renoncement à toutes responsabilités. Il fait tout pour oublier qu’il existe parce que c’est pesant d’exister surtout quand on possède ce don de télékinésie, porte ouverte à une multitude de possibles. De la médiocrité de la vie qu’il s’est bâtie, il est conscient, d’où ses déchirements.
Puis la volte-face advient ! Au moment opportun pour que le film garde un rythme efficace. Lorsque Melvin, certain de son invincibilité, se découvre vulnérable, il décide de changer, d’arrêter la dégringolade, de devenir sain. Pas encore de sauver le monde mais de se sauver lui et d’utiliser ses pouvoirs à meilleur escient. C’est une histoire toute en nuances, au scénario intelligent. Melvin de crapule ne se transformera pas en saint, il menacera de rebasculer dans ses travers : le métier de super-héros demande de l’expérience et une volonté de fer, il manque des deux. Et si les sentiments sont omniprésents, ils se devinent plus qu’ils ne s’avouent ce qui les rend plus touchants peut-être même plus intenses.
Nick Love nous sert un film esthétique qui tangue habilement entre les extrêmes : l’oubli dans la décadence et l’affection profonde. La palette d’émotions du personnage est large, ses tourments sont complexes et Stephen Dorff nous en livre une prestation juste et émouvante ! Il maîtrise toutes les nuances de son personnage et brille autant dans le drame que dans le comique. Un beau film.
Sortie : le 8 juin 2016
Durée : 1h26
Réalisateur : Nick Love
Avec : Stephen Dorff, Eddie Griffin, Phillip Michael Youmans
Genre : Comédie, Fantastique