Azor, un thriller ouaté et tortueux en salles le 12 octobre 2022

Azor est le premier long métrage d’Adreas Fontana. Le réalisateur situe l’action en 1980 dans une Argentine en pleine dictature avec arrestations sommaires et répression non moins violente. Un banquier privé genevois, Yvan de Wiel, bilingue en espagnol, y débarque pour remplacer son associé subitement disparu des radars. Il en profite également pour rencontrer certains clients locaux, fortunés et soucieux de placer leur argent dans les banques suisses à l’abri de tous les regards. Un rythme des plus compassés installe l’intrigue dans des ambiances ouatées où les non-dits abondent. Entre ranchs à la campagne, hôtels de luxe, réceptions mondaines et clubs privés, le protagoniste discourt à fleurets mouchetés contre des clients et prospects sans jamais se départir d’un parfait savoir-être.

Une hypocrisie de classe

Tout l’intérêt du film tient dans cette fine frontière que parviendra à franchir ou non De Wiel pour continuer à amasser de l’argent en acceptant ou non les compromis. La proverbiale neutralité helvétique est mise à rude épreuve dans ce qui ressemble à un vrai panier de crabes. Une part de mystère s’étend tout au long du film comme un épais brouillard et le fait ressembler à un film d’espionnage. Azor accorde également une place très précise aux femmes dans le monde bancaire, en arrière plan mais pas sans importance, comme si elles tiraient les ficelles en sous-main. Tandis que de mystérieuses manœuvres se déroulent, mettant très mal à l’aise le suisse obligé de marcher sur des œufs pour se faire une place, un énorme fossé semble se creuser avec la réalité sociale du pays, plongé dans le chaos pendant qu’une minorité pérore entre hôtels de luxe et courses hippiques. Le spectateur comprend un malaise sous-jacent du fait que l’attitude de De Wiel se situe à l’exact opposé de celle de son associé évaporé. Tandis que le flegmatisme initial disparait, la question de devoir se salir les mains se fait de plus en plus jour. L’ambiance de thriller d’intensifie de plus en plus tandis qu’Yvan accepte finalement de sortir de sa zone de confort pour plonger dans un monde politico-financier qui n’a absolument rien de reluisant.

Azor a été présenté dans de nombreux festivals dans le monde entier, dont à la Berlinale et à San Sebastian. En octobre 2021, Fabrizio Rongione recevait le prix du meilleur acteur au Festival international de Gáldar aux îles Canaries et en février 2022, il faisait partie de la section « D’Est en Ouest » du Festival A l’Est de Rouen. Un film à découvrir le 12 octobre sur grand écran.

Synopsis: Yvan De Wiel, banquier privé genevois, se rend dans une Argentine en pleine dictature pour remplacer son associé, objet des rumeurs les plus inquiétantes, qui a disparu du jour au lendemain. Entre salons feutrés, piscines et jardins sous surveillance, un duel à distance entre deux banquiers qui, malgré des méthodes différentes, sont les complices d’une forme de colonisation discrète et impitoyable.

NOS NOTES ...
Originalité
Réalisation
Jeu des acteurs
Plaisir de la séance
Stanislas Claude
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
azor Azor est le premier long métrage d'Adreas Fontana. Le réalisateur situe l'action en 1980 dans une Argentine en pleine dictature avec arrestations sommaires et répression non moins violente. Un banquier privé genevois, Yvan de Wiel, bilingue en espagnol, y débarque pour remplacer son associé...

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