© Jacques Moatti / Opéra national de Paris
Opéra Bastille du 30 juin au 16 juillet 2014
Une conception théâtrale du ballet et un sens aigu de la dramaturgie du chef d’œuvre de Victor Hugo, font de cette version avant-gardiste de Notre-Dame de Paris, créée en 1965, par Roland Petit pour l’Opéra de Paris et 90 danseurs, un spectacle total.
[pull_quote_right]Un ballet aussi graphique que chorégraphique dont la reprise de cet obscur objet du désir résonne déjà aux airs de triomphe[/pull_quote_right]
Entre Maurice Jarre à la musique qui a composé une série de mouvements mélodiques et rythmiques à base de cuivres, de percussions, de guitares électriques, René Allio aux décors imposants mais stylisés dans le pur esprit hugolien et sa force noire, et Yves-Saint Laurent aux costumes éclatants et lignes structurées, chacun s’ancre avec force et sobriété dans cette fresque chorégraphiée par Roland Petit qui en imprime les tableaux essentiels.
L’attroupement bigarré tout en mouvement du peuple de Paris avec leurs justaucorps colorés et l’histoire d’amour et de passion mortelle que tissent et composent par la seule expression de la danse, entre créativité et intensité, les 4 héros principaux aux destins impossibles.
L’éternelle amoureuse donc ensorceleuse Esméralda, le tendre mais complexé Quasimodo, le sombre Frollo tiraillé entre ses désirs et sa conscience, entre la chair et l’esprit, enfin le bel officier Phoebus au costume de superman d’inspiration Mondrian dont s’est éprise Esméralda et qui la conduira à sa perte.
Stéphane Bullion est un Quasimodo poignant et déchirant dont la tendresse si émouvante transparait dans chacun de ses gestes et de ses mouvements empêchés, tandis qu’Esmeralda (Alice Renavand) virevolte avec une grâce et une légèreté féline. Le Frollo d’Audric Bezard a l’inquiétude mortifère du trouble qui l’habite et Florian Magnenet une candeur ravageuse.