Biopigs ou le retour des trublions du plateau : Sophie Perez et Xavier Boussiron
Fondée il y a plus de dix-huit ans, la compagnie du Zerep s’amuse à exploser les codes classiques du théâtre. Leur premier spectacle, Mais où est donc passée Esther Williams ? était basé sur une méthode originale pour apprendre à nager… sans eau. Ils l’ont présenté dans une piscine parisienne à sec, avec des comédiens recrutés à l’ANPE. C’était en 1998.
Depuis, l’esprit de cette troupe désespérément libre et sans limite, fondée par Sophie Perez (Zerep en verlan), rejointe quelques années plus tard par Xavier Boussiron (musicien, dramaturge et plasticien), n’a guère changé. Les douze pièces et multiples performances proposées par ces joyeux lurons de comédiens aussi à l’ouest qu’investis en témoignent. On se souvient notamment de leur Oncle Gourdin en 2011 et leurs petits lutins persiffleurs qui maltraitaient à l’envi les faiseurs de théâtre, égratignant au passage Jean Vilar ou encore Olivier Py.
Biopigs, leur nouvelle création part du principe que, dans tout spectacle, la fin est plus importante que le début ! À l’aide d’un panel d’exemples puisés aux grandes heures de notre théâtre, qu’il soit classique ou contemporain, reconnaissable ou pas, Biopigs est donc conçu comme la succession de fin de spectacle que focalisent à renfort d’égo dégoulinant ou failles narcissiques, les saluts faussement improvisés et la réception des applaudissements.
No limit
Le jeu de massacre commence avec la scène finale de Don Juan où la voix du Commandeur émane de la gueule difforme d’un monstre marin, positionnée sur le coté du plateau et qui accompagne d’une léthargie ravageuse tout le spectacle. Il se poursuit, entre autres, par une parodie de Clôture de l’amour – pièce culte du théâtre subventionné – et ses deux interprètes chuintant, coiffés de plumes d’indien sur la tête. Ou encore par un numéro survolté de Stéphane Roger dont la prise d’assaut du piano fait lourdement écho à la chorégraphie et ses danseurs qui roulent sur le plateau.
Le tout est estampillé de l’humour provocateur et référencé de Sophie Perez et Xavier Boussiron dans une énergie aussi furieuse que généreuse.
A l’abri d’une esthétique baroque et outrancière qui renvoie à l’envers du décor où acteurs et objets de scène ne constituent qu’un tout protéiforme, la compagnie du Zerep éprouve pour mieux s’en moquer mais aussi les revisiter, les formes de la représentation théâtrale. Un geste salutaire.
Dates : du 11 au 23 avril 2017 l Lieu : Au Théâtre du Rond-Point (Paris)
Conception et scénographie : Sophie Perez et Xavier Boussiron