Capitaine perdu, tome 1
Sur les bords du Mississippi, Saint Ange est un Capitaine perdu. En 1763, il est le dernier capitaine français sur place, contraint à remettre les clés de l’Amérique aux anglais vainqueurs de la Guerre de Sept Ans. Une BD réalisée par Jacques Terpant en tant qu’auteur complet (Branle bas de combat, La Citadelle pourpre, Le Céleste, La Blessure du Khan, Le Passage de la saison morte, Messara, Pirates, Sept Cavaliers).
Date de parution : le 9 septembre 2015
Auteur : Jacques Terpant (scénario et dessin)
Editeur : Glénat
Prix : 14,50 € (56 pages)
1763. Suite au traité qui met fin à la guerre de Sept Ans, Le Roi de France cède l’Amérique aux Anglais. Mais contrairement à ce que pensait Voltaire, il ne s’agit pas de quelques arpents de neige, mais de l’équivalent du Canada d’aujourd’hui et d’une vingtaine d’États des États-Unis. Alors que les soldats français, peu nombreux, abandonnent leurs possessions aux tuniques rouges, les Indiens se soulèvent, et sous le drapeau à fleurs de lys du Roi de France, menés par le chef Pontiac, ils reprennent les fortifications des Français.
À fort de Chartres, sur les bords du Mississippi, le dernier des capitaines français en place, devra remettre l’ultime fort à l’Anglais. Mais comment abandonner ses alliés Indiens avec lesquels on a vécu, et parfois pris femme ? Comment obéir aux ordres du Roi sans les trahir ? Comment les aider sans se perdre ? Mais au fond, que veut vraiment le Roi ?
Après l’adaptation des romans de Jean Raspail (Sept Cavaliers), c’est dans l’un de ses livre de voyages que Jacques Terpant apprend l’existence, sur les bords du Mississippi, de Saint Ange, le dernier des capitaines français qui dut remettre aux Anglais les clés de toute l’Amérique.
Il signe en deux tomes et en couleurs directes une fresque de cette épopée ignorée, qui signa la fin du premier empire colonial.
En fin d’album, un cahier documentaire de 8 pages revient en détail sur le contexte historique développé dans le récit.
Immédiatement après la signature du Traité de paix faisant suite à la Guerre de Sept Ans entre la France et l’Angleterre, les règlements de compte entre les deux nations se sont accélérés aux Amériques. Aucun ne respectant vraiment sa part du marché. Tandis que les français tardaient à libérer les terres qu’ils s’étaient engagés à remettre, les anglais commettaient leurs exactions sans vergogne.
Jacques Terpant se révèle être un un très bon historien.
Faisant l’exposé du contexte historique avec brio, notamment sur les politiques très différentes de colonisation des deux pays ennemis, Jacques Terpant se révèle être un un très bon historien. Il nous instruit sur l’histoire de France aux Amériques et de son imprégnation filiale méconnue. Capitaine perdu jouit donc d’un récit dont la lecture est animée par la curiosité et l’intérêt de ses révélations.
L’auteur n’omet pas de nous raconter sa petite histoire dans l’Histoire, mais il le fait malheureusement à travers une narration parfois hasardeuse et lourde, qui a tendance à plomber son scénario pourtant si documenté. Si Jacques Terpant est ici meilleur historien que conteur, les enseignements qu’il nous prodigue sont un vrai plus.
Réalisé en couleur directe, le dessin est à la fois fin et fouillé. Son trait s’attarde parfois sur des détails appréciables, mais en oublie d’autres. Et sa coloration peut aussi rebuter dans sa saturation. Il manque un peu d’effets de lumière, qui auraient pu aérer les très forts contrastes de couleurs utilisés.
Capitaine perdu n’est pas sans quelques défauts mais l’intérêt de son récit, accompagné de pages de documentaire bonus, est bien dans la reconstitution historique qu’il propose.