
TËNK invite la réalisatrice et autrice Ovidie à programmer une carte blanche, sobrement intitulée Ovidie programme. 3 films assez rares sont accessibles sur le site pour des découvertes fortes en émotion sur fond d’adolescence mal à l’aise et remplie de questionnements. Les questionnements intimes abondent, un spleen adolescent incessant traverse les 3 films à découvrir sur TËNK jusqu’au 27 juin.
Synopsis: Il y est question de connexion, encore, avec Girl Gang. L’histoire de Leonie, jeune influenceuse de 14 ans qui découvre ce que c’est que d’être poursuivie par des hordes de fans. Qui découvre le métier, pourrait-on dire, guidée, coachée, « gérée » par ses parents. Une poule aux œufs d’or filmée sur la durée par Susanne Regina Meures, avec douceur et compréhension. Ovidie nous raconte qu’elle a vu le film avec sa fille de 16 ans : « quand j’ai vu le malaise sur le visage de ma fille au moment où les lumières de la salle se sont rallumées, je me suis dit que ce film faisait mouche, qu’il provoquait en nous une avalanche d’émotions contradictoires entre fascination, amusement, peur et surtout compassion pour le personnage principal ». À ce jour, 1,5 millions de personnes suivent Leonie sur TikTok.
Ovidie programme ces films, qui ont à voir avec la mise en scène de soi : « Les adolescentes influenceuses ne vendent évidemment pas la même chose que les travailleuses du sexe d’internet. Et pourtant, ces deux activités ont bien plus en commun qu’il n’y paraît. Se mettre en scène, produire un maximum de contenus pour être référencée, maîtriser la magie des algorithmes est une profession à part entière où se côtoient exigence et fatigue ». Télétravail du sexe est réalisé par Carmina et Prune : « un film sur et par les principales concernées, celles que l’on juge trop sottes ou trop aliénées pour produire de la pensée ». En faisant témoigner d’autres travailleuses, elles abordent non seulement le sexe, mais aussi l’envers du décor : empouvoirement, harcèlement, création artistique, impôts, stigma… « Car finalement, ce n’est pas de sexe qu’il est question mais plutôt d’une profession où on passe plus de temps le nez dans les algorithmes et l’auto-branding que nue sur un lit ».
Enfin, soyons punk, avec The Punk Syndrome. Du bruit, de la fureur, avec le plus célèbre groupe punk finlandais, Pertti Kurikan Nimipäivät, qui rassemble quatre individus souffrant de troubles mentaux. Et laissons parler Ovidie : « J’ai découvert cette pépite finlandaise il y a une bonne douzaine d’années, lorsque j’étais membre du jury du Fifigrot (Festival du film grolandais). Je me souviens de délibérations chaotiques, étant la seule personne autour de la table à ne pas être morte-saoule. Je me rappelle qu’il y avait eu débat de poivrots autour de ce qui était punk ou pas, si le punk était réellement mort ou non. Alors que pour moi, Pertti est l’incarnation-même du punk. Il veut abattre ce qui l’opprime, il refuse le narratif de l’autiste soumis aux autorités psy. Il se fiche éperdument de ce qu’on pense de lui. » Un autre type d’influenceur, Pertti !