La couleur de la Victoire célèbre Jesse Owens et critique les Etats-Unis
La couleur de la victoire revient sur l’odyssée olympique de Jesse Owens. De ses aptitudes physiques exceptionnelles au triomphe olympique à Berlin en 1936 en passant par la peinture de la ségrégation raciale aux Etats-Unis, le biopic insiste sur les difficultés humaines et sociales rencontrées par le prodige américain pour récolter 4 médailles d’Or. Classique et pudique, le film n’oublie pas d’aborder des sujets cruciaux, même aujourd’hui.
James Cleveland Owens, plus connu sous le nom de Jesse Owens, fait partie des icônes du XXe siècle. Alors que l’Allemagne nazie comptait se servir des Jeux Olympiques de 1936 à Berlin à des fins de propagande, l’américain remportait toutes ses épreuves haut la main au nez et à la barbe de ses adversaires allemands. L’épisode fameux du refus d’Hitler de saluer personnellement le vainqueur prête à interprétation encore aujourd’hui. Owens affirme avoir vu Hitler le saluer de la main pour le saluer en retour et une photo de poignée de main existerait. Le film fait au plus court en insistant sur la personnalité anxiogène d’un Goebbels froid comme un charognard et symbolique du régime nazi. L’athlète était clairement au-dessus du lot et si le film insiste sur la stupéfaction des locaux, ce n’est en rien une extravagance. Mais l’important n’est pas là.
Car avant de concourir, Jesse Owens a surtout du batailler face aux instances olympiques nationales et aux comportements clairement ségrégationnistes de ses compatriotes. Entraineurs, athlètes, journalistes, quidams, une frange significative de la population américaine semblait clairement plus nazie que les nazis. Le film n’hésite devant aucun poncif pour décrire le purgatoire quotidien vécu par Owens. Par la grâce d’un entraineur investi interprété par Jason Sudeikis et d’un industriel influent joué par Jeremy Irons, il parvint à représenter son pays à Berlin, mais que ce fut difficile. La phrase d’Owens raisonne encore dans les esprits : Hitler ne m’a pas snobé, c’est Roosevelt qui m’a snobé. Représentant du monde libre, il n’a pas vécu les Jeux comme on peut l’imaginer…
Le jeune Stephen James interprète sobrement Jesse Owens alors qu’un certain John Boyega était pressenti pour le rôle avant de choisir de jouer finalement dans Star Wars VII. Un entraineur spécialisé lui a permis de courir dans le style si particulier d‘Owens. Le film revient sur l’épisode mal connu de l’hésitation des Etats-Unis de participer aux Jeux, décidés au dernier moment par les compromis acceptés par l’Allemagne. Si le film est longtemps dénué d’ampleur, il prend sens au fur et à mesure des vexations ressenties par l’athlète et montrées par le réalisateur. Au delà du style assez académique, La couleur de la victoire fait revivre une époque soigneusement passée sous silence où les USA eux-mêmes ne ménageaient pas les minorités. Au moment où les tensions raciales sont ravivées sous l’effet d’abus policiers et de répliques sanglantes, le film se place dans une sinistre actualité.
Le réalisateur Stephen Hopkins est surtout connu pour les réalisations d’épisodes de House of Lies et Californication. Il a également réalisé le trop méconnu Moi, Peter Sellers avec Geoffrey Rush et Charlize Theron en 2004. Il signe ici un biopic qui ravive des souvenirs autant glorieux que douloureux.
Sortie : le 27 juillet 2016
Durée : 1h58
Réalisateur : Stephen Hopkins
Avec : Stephan James, Jason Sudeikis, Eli Goree, Jeremy Irons
Genre : Drame, Biopic, Historique