Doctor Strange, la goutte qui fait déborder le vase ?
Doctor Strange est la énième adaptation d’une saga Marvel au cinéma. Un neurochirurgien perd l’usage de ses mains et se tourne vers un maitre ancien pour découvrir de nouvelles dimensions parallèles. Festival d’action et d’invraisemblances pour un Blockbuster qui ne le cache pas: on nage en plein n’importe quoi.
De bonnes bases…
Doctor Strange débute sur des rails qui laissent présager le meilleur. Le toujours pince sans rire et souvent parfait Benedict Cumberbatch (Sherlock Holmes, Imitation game, La Taupe…) prête ses séduisants traits à un Stephen Strange truculent et expert dans son domaine: la neurochirurgie. Rien ne lui résiste, il opère ses patients à la perfection, bénéficie de l’admiration générale, gagne des sommes folles. Un être surhumain très humain à l’ego surdimensionné. La meilleure scène du film se situe après un quart d’heure. Tandis que résonne le Interstellar Overdrive de Pink Floyd (future scène culte), le neurochirurgien perd le contrôle de sa voiture, badaboum et ses mains ne pourront plus jamais lui servir à accomplir des miracles. Désespéré, le chirurgien part à Katmandou pour trouver l’Ancien et récupérer ses mains.
… et puis patatras
Le film fait surtout apparaitre clairement les limites de l’adaptation de bandes dessinées.
Stephen Strange rencontre alors une Tilda Swinton chauve qui lui fait entrevoir la profondeur insoupçonnée des mondes parallèles. Outre que cette rencontre fait voir un Chiwetel Ejiofor bien embêté de se trouver là, le film s’embarque dans une science fiction abracadabrante qui multiplie certes les effets visuels flamboyants mais n’apporte aucune originalité. Les immeubles bougeaient déjà dans Inception, les univers parallèles et paradoxes temporels apparaissaient dans Interstellar, des combats dantesques ont lieu dans à peu près n’importe quel blockbuster. Alors le spectacle est au rendez-vous, les explosions se multiplient, Stan Lee fait sa petite apparition, mais franchement le film fait surtout apparaitre clairement les limites de l’adaptation de bandes dessinées. Le cahier des charges ne vole pas bien haut avec un méchant gratifié d’une très sale tronche, une héroïne belle comme un coeur et un héros vêtu d’une cape bouffonne qui n’en fait qu’à sa tête.
De grands enfants
A-t-on jamais vu film Marvel révéler plus clairement l’infantilisme de son univers? Ca se tatanne, ça saute d’univers en univers, ça fait un détour entre le Népal et l’hôpital de New York, tout semble tellement facile… Ce pourrait être parfait si les héros ne se prenaient pas autant au sérieux. Le décalage entre les scènes réalistes et la fantaisie cartoonesque est tellement ténue qu’il est impossible de ne pas rire. Le chèque de Benedict doit contenir un certain nombre de zéros pour qu’il accepte d’apparaître dans une future série Z du cinéma international. Nul doute que le film rencontrera un large succès public grâce à des effets spéciaux réussis et un humour omniprésent mais il n’y a pas de quoi se pâmer. Cette surenchère aboutira certainement à la décrédibilisation du genre.
Ce Doctor Strange laisse sur sa faim. En tentant de mélanger maladroitement univers réel et fantaisie fantastique, le film tire la sonnette d’alarme. Marvel peut mieux faire…
Sortie : le 26 octobre 2016
Durée : 1h55
Réalisateur : Scott Derickson
Avec : Benedict Cumberbatch, Tilda Swinton, Mads Mikkelsen
Genre : Fantastique, Action