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« Du luxe et de l’impuissance » de Jean-Luc Lagarce, mise en scène par Ivan Morane, à Paris

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Théâtre Les Déchargeurs du 2 octobre au 22 novembre 2014 à 18h (jeudi au samedi)

La notoriété de Jean-Luc Lagarce, metteur en scène et dramaturge, mort prématurément du SIDA à l’âge de 38 ans en 1995, n’a cessé d’augmenter depuis sa disparition. Si il n’a pas été reconnu de son vivant comme un auteur important, c’est que son langage théâtral était trop en décalage, trop novateur pour son époque.

Dans une subtile appropriation de la langue de Lagarce aux infinies résonances, Jean-Charles Mouveaux donne à entendre et à ressentir avec force et profondeur la prose tragique mais tendrement élégiaque du grand dramaturge

Aujourd’hui, c’est l’un des auteurs contemporains le plus joué et dont la langue singulière (originalité de la syntaxe, phrase musicale, à tiroirs, incises), en un mot éblouissante, qui mêle l’intime et la comédie sociale, l’identifie immédiatement.

Une forme stylistique faite de variations et de répétions où la parole qui bute, trébuche, se reprend, questionne éperdument la difficulté à être et à dire.

Avec sa pièce chorale « Juste la fin du monde », il fait son entrée en 2008 au répertoire de la Comédie-Française.

« Du luxe et de l’impuissance » est un ensemble de textes non-théâtraux écrits par Jean-Luc Lagarce qui renferment une puissante théâtralité. Non seulement parce ce qu’ils font référence au théâtre mais aussi parce que Lagarce nous entraine dans un cheminement personnel, indissociable de son engagement public, où ses doutes permanents comme son rapport au monde sont propices à un retour sur soi et les autres alors qu’il sait que la mort se rapproche.

Espace temps mémoriel qui devient alors ce lieu où l’on peut interroger sa vie, rattraper le temps perdu, déjouer les vanités, revendiquer ses choix, abandonner ses fausses certitudes, dévoiler sa vérité qui touche au plus profond de l’être où le sensible demeure omniprésent.

A l’abri d’une mise en scène sobre d’Ivan Moranev, au plus près de l’acteur et de sa parole, se déploie la figure de Lagarce solitaire et multiple, épique et ordinaire, entre regard fébrile sur son art et questionnement intranquille.

« Choisir ses amis, admettre ses dégoûts, revendiquer sa propre intolérance. Ne pas aimer tout et tout le monde et aimer mieux, de fait, nos préférés. Avoir quelques inimitiés indiscutables et des tendresses inavouées. Ne pas toujours dire notre amour, ne pas en être capables, ou trop compliqué, ou trop risqué, oui pas doués, mais, par contre, plus facile et pourtant rarement saisi, s’offrir ce petit luxe d’affirmer quelques hargnes de temps à autre ». 

Une forme stylistique faite de variations et de répétions où la parole qui bute, trébuche, se reprend, questionne éperdument la difficulté à être et à dire

Dans une subtile appropriation de la langue de Lagarce aux infinies résonances, Jean-Charles Mouveaux donne à entendre et à ressentir avec force et profondeur la prose tragique mais tendrement élégiaque du grand dramaturge…

Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.

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