El Acompañante ou la lutte intime de deux hommes à Cuba
El Acompañante a déjà fait son bout de chemin parmi les festivals de cinéma du monde. Et sur sa route, il a raflé plusieurs prix : entre autres, le public l’a récompensé au Miami Film Festival, au Malaga Film Festival et à Cinélatino (les rencontres cinématographiques de Toulouse). Un succès d’équipe avec, à sa tête, Pavel Giroud, son réalisateur havanais.
A Cuba, dans les années 80, les malades du sida étaient regroupés dans des sanatoriums. Daniel a contracté la maladie lors d’une mission militaire en Afrique. Horacio Romero, célèbre boxeur accusé de dopage devient contre son gré son accompagnateur. Sa mission : le suivre et reporter ses faits et gestes.
Ce duo de circonstance est constitué de reclus de la société. Ils tentent chacun de dissimuler leurs blessures sous des tempéraments antagonistes. Horacio est peu loquace, calme et renfermé. Il souffre énormément de son interdiction de ring mais intériorise tout. Daniel, au contraire, est plein de verdeur. Farceur, débrouillard, inventif, dur parfois et pas toujours fiable… C’est un drôle de « gus ». Attachant.
Leur duo fait la force du film. D’abord réticents, ils vont se rapprocher et s’apprécier mais toujours avec pudeur. La discrétion de leurs sentiments les rend plus puissants. Parce qu’on ne les voit pas, on les sent.
L’histoire de ces deux hommes blessés est d’autant plus réaliste qu’elle s’inscrit dans un contexte historique que Pavel Giroud a voulu restituer avec exactitude. En 1959, la révolution cubaine s’achève et Fidel Castro prend le pouvoir. Pour faire de l’ère postrévolutionnaire un succès, le nouveau dirigeant a voulu miser sur deux domaines : le sport et l’armée. S’il a en partie réussi, Horacio et Daniel font pourtant partie des pertes, des ratés. C’est sans pathos qu’on suit leur quotidien, leur tentative de se relever ou simplement, de continuer à vivre malgré tout.
La caméra les filme sans empressement. A l’image de leur vie dans cette clinique, l’histoire s’écoule lentement. Pourquoi aller plus vite ? De toute façon, ils n’ont pas de futur, pas d’avenir à construire dans cette prison dorée. La télévision, quelques histoires d’amour et les paris ponctuent leurs journées.
Tout du long, la tristesse et la joie s’entremêlent et, parfois, on ne sait plus s’il faut rire ou pleurer. Un mélange d’émotions qui fait la réussite d’El Acompañante. Ce n’est pas un film facile mais émouvant oui.
En salle le 17 août, le soleil de la Havane éclairera votre salle de cinéma d’une lumière belle et triste.
Cuba, années 80. Horacio Romero, boxeur accusé de dopage, est contraint de devenir l’accompagnateur de Daniel, un jeune soldat qui a contracté le SIDA lors d’une mission en Afrique.
Sortie : le 17 août 2016
Durée : 1h44
Réalisateur : Pavel Giroud
Avec : Yotuel Romero, Armando Miguel Gómez, Camila Arteche
Genre : Drame
Le cinéma cubain bénéficie d’une fraicheur à chaque fois renouvelée. El Acompagnante ne déroge pas à la règle, le récit est dynamique et emphatique, impossible de ne pas prendre fait et cause pour ces deux héros blessés de la vie qui ont une revanche à prendre. Un film qui émeut et surprend.