Emouvante Mère Teresa ombre et lumière au Lucernaire
Si l’image publique de Mère Teresa a marqué l’histoire du 20e siècle et inspiré l’humanité par son exemple de dévouement total, peu peuvent se targuer de véritablement connaitre celle qui a dédié sa vie aux plus pauvres parmi les pauvres. Le Lucernaire invite à un seul en scène hypnotique avec une Catherine Salviat habitée au centre de la scène. Elle invoque l’esprit de celle qui fut canonisée en 2016 par le Pape François et ouvre rien de moins qu’une lucarne de lumière sur l’audience pour un moment de théâtre envoutant.
Une vie au service des autres
Née en 1910 au coeur de l’Empire Ottoman dans ce qui allait devenir bien plus tard l’Albanie, Anjezë Gonxhe Bojaxhiu dédia sa vie entière à aider les autres. Catherine Salviat suit le fil d’une existence unique pour en faire ressortir les jalons essentiels. Car ce petit bout de femme est issu de l’anonymat le plus complet et rien ne la prédestinait à devenir une icône de générosité aux yeux du monde entier. L’appel de la foi allié à une volonté de fer lui firent soulever des montagnes tout au long d’un siècle de souffrance où elle devint un symbole de résilience et de charité. Le seul en scène se veut d’un dépouillement extrême avec son décor de draps tendus et cet emblématique sari blanc aux bordures bleues posé sur scène. La comédienne arpente les planches doucement, relatant le destin d’une femme exceptionnelle. De son entrée dans l’ordre missionnaire des sœurs de Notre-Dame de Lorette jusqu’à l’obtention du prix Nobel de la paix en 1979 en passant par la fondation de sa propre congrégation en 1950, c’est à une vie de défis qu’est dédiée cette pièce. Car il suffit d’un regard vers la photo qui illustre la pièce pour se poser cette question. Comment ce petit bout de femme a-t-il pu être à l’origine de 610 missions dans 123 pays avec des orphelinats, des écoles, des hospices et des maisons d’accueil pour les nécessiteux?
Une pièce rare
L’objectif de la pièce n’est pas du tout le prosélytisme religieux, car celle qui eut sa dose de contempteurs toute sa vie durant se contentait d’agir là où la plupart se contentaient de parler. Le discours de la comédienne aboutit surtout au constat qu’à force de volonté acharnée, n’importe qui peut réaliser des choses extraordinaires. La sociétaire de la Comédie Française prend les oripeaux de la simplicité pour mettre l’exact niveau attendu de sincérité et d’égard dans sa voix et son attitude. Elle ne cherche ni à convaincre ni à imposer quoique ce soit, elle relate simplement une vie faite de grands bonheurs et de doutes récurrents avec comme de l’affection et du respect dans la voix. Si elle prête par moments ses traits à la sainte, c’est pour relater des épisodes d’une vie bien remplie plus que pour véritablement l’incarner physiquement. L’exceptionnel redescend à hauteur de femme avec la belle maxime que rien n’est irréalisable pour qui se donne la peine d’y croire et de se retrousser les manches.
La pièce Mère Teresa Ombre et Lumière émeut par la sincérité du propos et la force transmise par la comédienne pour un exemple de femme parvenue à réaliser son destin en mettant sa vie au service des autres.
Dates : du 23 aout au 4 novembre à 19h du mardi au samedi
Lieu : Le Lucernaire (Paris)
Metteur en scène : Pascal Vitiello
Avec : Catherine Salviat