Frantz, un film d’époque surprenant de François Ozon
Frantz débute en 1919 avec la visite d’un jeune français à la famille d’un ami allemand disparu. Du postulat d’une amitié franco-allemande fantasmée par delà les conflits, le film se complexifie jusqu’à quitter rapidement sa trame linéaire et bousculer le spectateur. François Ozon ne déroge pas à sa règle habituelle, brouiller les apparences et creuser des sillons inattendus. Porté par un duo d’acteurs intense et captivant, ce Frantz ne peut pas laisser indifférent.
Frantz interpelle tout du long avec ses partis pris inattendus. Mélanger l’allemand et le français, passer du Noir et Blanc à la couleur, les surprises formelles appuient et démultiplient l’effet du scénario tortueux sur l’audience. Car l’effet de surprise ne cesse de se manifester, plusieurs fois, jusqu’à faire douter de l’existence même des personnages. Ne parvenant pas à le cerner, le spectateur joue à deviner les intentions du réalisateur tout du long pour une gymnastique mentale finalement habituelle avec lui.
Si François Ozon fait une fois de plus du Ozon tout en ne se privant pas de surprendre, le film revêt un classicisme, lui, inhabituel, et donc complètement habituel. Le film historique perd ses atours communs, se rapprochant parfois du Ruban Blanc d’Haneke par ses partis pris innovants et inattendus. Entre romance, récit historique et tragédie, le film surfe sur les catégories sans jamais choisir sur quel pied danser. Perdant souvent le spectateur devant un film multiple mais sans jamais l’ennuyer. Car le réalisateur a le sens du rythme et du coup de théâtre.
Pierre Niney fait des merveilles en visiteur plus insondable qu’il n’y parait et Paula Beer fait une fiancée éplorée tout à fait émouvante. Une des prouesses du film tient dans l’art de se faire exprimer chaque personnage dans sa langue natale tout en multipliant les passerelles entre les langages. Le français parle allemand, l’allemande parle français, les efforts contribuent au rapprochement des peuples.
Ne rien dévoiler de l’intrigue est une nécessité pour laisser à chaque spectateur le soin de se faire bousculer. Comme souvent chez les réalisateur, la complexité des intentions surpasse la réalisation somme toute classique portée par de convaincants interprètes.
Au lendemain de la guerre 14-18, dans une petite ville allemande, Anna se rend tous les jours sur la tombe de son fiancé, Frantz, mort sur le front en France. Mais ce jour-là, un jeune Français, Adrien, est venu se recueillir sur la tombe de son ami allemand. Cette présence à la suite de la défaite allemande va provoquer des réactions passionnelles dans la ville.
Sortie : le 7 septembre 2016
Durée : 1h54
Réalisateur : François Ozon
Avec : Pierre Niney, Paula Beer, Ernst Stötzner
Genre : Drame