Grâce à Dieu aborde la question de l’attitude de l’église face à des témoignages sur un prêtre pédophile qui ne s’en cache même pas. 4 personnages principaux fondent le groupe La Parole Libérée pour mettre l’église face à ses contradictions après des décennies d’omerta et de silence coupable. François Ozon ne généralise pas à toute l’église catholique mais n’épargne pas l’évêché lyonnais qui selon lui a protégé le prêtre sans jamais le condamner, ni l’éloigner des enfants ni le défroquer. Difficile de ne pas être scandalisé à la fin de la séance.
Un film qui fait mal
Les parents du monde entier se poseront la question. Un prêtre, chargé d’orienter les enfants, de les éduquer, de leur faire comprendre la profondeur de la foi, et qui se livre à des actions criminelles grâce au prestige de sa fonction, ça fait mal. Le père Bernard Preynat (Bernard Verley dans un rôle pas simple) a pourtant agi en toute impunité, ne cachant pourtant pas sa pathologie mais n’étant jamais condamné par sa hiérarchie? Quand Alexandre Guérin (Melvil Poupaud) l’aperçoit officier, ses souvenirs ressortent et sa décision est prise. Il contacte l’évêché, mais rien ne se passe au-delà d’une longue correspondance, soulignant bien l’attitude hypocrite héritée d’une longue lignée d’évêques hypocrites. François Barbarin le mêne en bateau et Alexandre décide de porter plainte, alertant ainsi tous ceux qui ont vécu les mêmes sévices. Denis Ménochet, Swann Arlaud et Eric Caravaca interprètent d’autres victimes qui se regroupent dans une association pour une action collective. Mais chacun a son histoire, chacun a plus ou moins surmonté l’épreuve des sévices, et l’unité initiale se fissure face aux perspectives individuelles.
François Ozon livre un film éminemment juste et pudique qui ne cesse d’interroger. Les acteurs sont tous au diapason d’une histoire vraie qui montre bien l’hypocrisie de notre société, dans l’église, mais pas seulement. C’est toute la hiérarchie en place qui devrait être dans toutes les structures qui devrait être dévissée. Eglise, politique, économie… il y a des questions à se poser.