Les grands esprits ou l’art de la pédagogie
Un professeur d’Henri IV débarque dans un lycée de banlieue pour un choc des cultures. L’agrégé de lettres fait tout pour ne pas se laisser déborder par sa classe mais va surtout donner le gout d’apprendre à des jeunes habituellement assez dissipés. Si le traitement des rapports profs/élèves occupe la place centrale du film, il aborde surtout les questions cruciales du respect de l’autre et de l’égalité des chances.
Un film rafraichissant
Prof émérite au Lycée Henri IV, François Foucault fait l’erreur de trop parler à une cadre dirigeante de l’Education Nationale de la nécessité de fournir des professeurs chevronnés aux jeunes de banlieue. Le prenant au mot, elle l’envoie dans un lycée de ZEP pendant un an pour donner aux élèves de quartiers défavorisés la chance de côtoyer un pédagogue d’expérience. Les grands esprits débute sur ce choc des cultures entre un professeur habitué à martyriser des élèves ultra disciplinés et une classe de 4e bruyante et dissipée. Le réalisateur Olivier Ayache-Vidal insiste juste ce qu’il faut sur la fort tendance monochrome du lycée parisien par rapport à la proportion plus métissée du lycée de banlieue. Là où le spectateur partage avec humour le désarroi initial du professeur débarqué dans un milieu inconnu, il le rejoindra forcément sur ses efforts initiaux de discipline pour marquer son territoire. Sa volonté de ne pas se laisser déborder le fera se faire respecter et même apprécier de ses élèves. ceux qui auront vécu des expériences similaires comprendront fort bien, une fois le respect gagné, la pédagogie peut reprendre ses droits. Organisant son année autour des Misérables, le professeur montre avec pertinence que les problématiques abordés dans l’ouvrage de Victor Hugo restent d’une actualité cruciale.
Et pourquoi pas dans la vie réelle?
Le film fait surtout se poser la question de la transposition dans la réalité du passage de profs chevronnés en banlieue. Là où de jeunes profs fraichement diplômes et franchement inexpérimentés se frottent dès le départ à des élèves turbulents avec des difficultés à se faire respecter, des pédagogues plus expérimentés apporteraient ce surplus d’expérience nécessaire. Surtout que la bande annonce insistait sur la difficulté du professeur à dompter sa classe là où le film montre qu’il s’en sort fort bien. Une bonne dose de sévérité initiale, un zest de subtilité et un respect incessant lui donne la crédibilité nécessaire pour s’imposer jours après jours. Les férus de théâtre reconnaitront Alexis Moncorgé distingué récemment d’un Molière pour sa prestation dans Amok, le jeune Abdoulaye Diallo retiendra l’attention par sa prestation très convaincante en jeune de banlieue plein de bonne volonté.
Les Grands Esprits fait passer un très bon moment de cinéma loin de la grisaille ambiante. Ceux qui se souviendront de leurs années de collège en banlieue seront même très touchés.
François Foucault, la quarantaine est professeur agrégé de lettres au lycée Henri IV, à Paris. Une suite d’évènements le force à accepter une mutation d’un an dans un collège de banlieue classé REP +. Il redoute le pire. A juste titre.
Sortie : le 13 septembre 2017
Durée : 1h46
Réalisateur : Olivier Ayache-Vidal
Avec : Denis Podalydès, Léa Drucker, Zineb Triki
Genre : Comédie dramatique
François Foucault, la quarantaine est professeur agrégé de lettres au lycée Henri IV, à Paris. Une suite d’évènements le force à accepter une mutation d’un an dans un collège de banlieue classé REP +. Il redoute le pire. A juste titre.