« Infidèles » ou la confusion des sentiments orchestrée par Bergman
Après Scènes de la vie conjugale et Après la répétition en 2013, Stan revient à Ingmar Bergman. Associé au collectif anversois de Roovers, le collectif poursuit sa traversée dans l’œuvre du réalisateur suédois au plus près de sa vie et de son introspection. Et s’empare à nouveau avec brio du plateau, animé par cet art du jeu décomplexé et singulier qui nous immerge dans les méandres d’une histoire d’adultère.
Tiré d’un de ses scénarios de 1996 dans lequel le réalisateur se met lui-même en scène, la pièce y mêle aussi des passages de LaternaMagica, l’autobiographie de Bergman. Deux textes écrits par un artiste qui n’a eu cesse de sonder les mystères du lien conjugal et de mêler vie intime et fiction.
Un spectacle où Bergman se livre à travers un dialogue avec une femme, à qui il demande de lui raconter son infidélité. Sur scène le personnage de Marianne est la voix principale, elle est actrice, elle énonce, elle se souvient, venant ainsi rompre le monologue sans issue d’un écrivain, seul, en panne d’inspiration.
Son histoire prend alors consistance, à travers elle. Markus, un célèbre chef d’orchestre, forme un couple heureux avec Marianne. Ensemble, ils ont une petite fille âgée de neuf ans. Un soir, alors que Markus est en déplacement, son ami David rend visite à Marianne. D’abord platoniques, leurs rapports vont prendre une autre tournure.
Une parole intranquille
A l’abri d’un jeu, tout en subtilité et de légèreté distanciée, qui impressionne de naturel et d’intensité, les comédiens flamands : Jolente De Keersmaeker, Robby Cleiren, Frank Vercruyssen et, pour la première fois, Ruth Becquart, questionnent sans relâche une vérité intime et humaine aussi complexe que vulnérable.
Où le spectateur traque les moindres soubresauts de la relation entre amour et désamour, détachement et trahison, trouble et manipulation.
Adeptes de l’écriture “au plateau”, délestée de tout artifice, le collectif insuffle une force à la tragi-comédie où s’incarnent au plus près l’ambivalence des relations humaines, la confusion des sentiments et leur cruauté.
La mise en scène sert à bonne distance la parole et son questionnement, pour une mise à nu sans filtre qui creuse les rapports humains et leurs ressorts à la fois fragiles, tourmentés, paradoxaux, cruels dont chaque comédien restitue à merveille la part d’ambiguïté et d’intranquillité.
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Dates : du 10 au 28 septembre 2018 l Lieu : Théâtre de la Bastille (Paris)
Metteur en scène : Tg STAN & de Roovers