Le film d’animation Interdit aux chiens et aux Italiens se veut un dialogue fictif avec la grand-mère décédée du réalisateur Alain Ughetto, Cesira. Il en profite pour poser toutes les questions qu’il n’a pas eu le temps de lui poser. L’évocation de l’émigration italienne se fait comme un hommage à tous ceux qui ont quitté leur terre natale pour trouver une nouvelle terre d’opportunités, malgré les brimades et les vexations. La famille du réalisateur venait d’un petit village du Piémont, Ugheterra, où beaucoup se nomment Ughetto. Le film s’adresse aussi bien aux petits qu’aux grands dans un déroulé aussi touchant qu’émouvant.
Un temps révolu
Le réalisateur dit n’avoir pas trouvé les tombes de sa famille dans le cimetière italien, disant ainsi tout du temps qui passe et des souvenirs qui tombent en poussière. Rien ne permet de se remémorer des raisons de la migration, le peu de nourriture, le peu de moyens et la guerre. L’émigration italienne a été une migration économique pour fournir une main d’œuvre bon marché contre des moyens de subsistance. Le réalisateur s’est servi de ce qu’il a trouvé à Ugheterra pour imaginer le décor à base de brocolis, de charbon et bois et de châtaignes. Un monde disparu reprend vie et le réalisateur met en avant l’intime de personnages oubliés, les grands-parents et les parents dans un contexte historique particulièrement difficile. Le film se veut la chronique d’une famille comme il en a existé des milliers, parties d’Italie pour trouver travail et argent en France. Le réel n’est pas loin, entre guerre et migration, naissances et décès, petits bonheurs et difficultés. Comme le dit le titre, les italiens n’étaient pas très bien vus, différents, suspectés de prendre le travail des locaux pour pas grand chose. L’histoire personnelle prend des atours d’universalité, avec un ton marqué par une belle sincérité. Les personnages du film ont été conçus à Rennes fans les ateliers de Vivement lundi !. Alain Ughetto et son équipe ont conçu les personnages, Luigi, Cesira, Vincent (le père), et les poupées qui les accompagnent. Le réalisateur a hérité de son père et de son grand-père un goût certain pour le bricolage et il s’en sert dans son cinéma pour créer une animation quasi artisanale et toujours touchante, un peu à la manière de Wallace et Gromit. Le producteur des films du Tambour de Soie, Alexandre Cornu a aidé ainsi que le scénariste Alexis Galmot pour trouver une trame cohérente. Le tournage a eu lieu à Beaumont-les-Valence dans les studios de Foliascope de janvier 2020 au 31 juillet 2021 et le Covid a évidemment occasionné quelques retards.
Ce film d’animation ravira les plus jeunes comme les plus grands grâce à la grande honnêteté du propos, à découvrir le 4 juillet en DVD.
Synopsis: Début du XXe siècle, dans le nord de l’Italie, à Ughettera, berceau de la famille Ughetto. La vie dans cette région étant devenue très difficile, les Ughetto rêvent de tout recommencer à l’étranger. Selon la légende, Luigi Ughetto traverse alors les Alpes et entame une nouvelle vie en France, changeant à jamais le destin de sa famille tant aimée. Son petit-fils retrace ici leur histoire.