Film allemand conceptuel s’il en est, J’étais à la maison mais… enchaine les ambiances surréalistes avec des personnages comme autant de métaphores du réel. La mise en scène d’Angela Schanelec fait le reste avec un réalisme exacerbé et une humilité qui rend ses intentions accessibles. Les énigmes à tiroirs parcourent le film et chacun pourra y trouver sa propre compréhension à force de patience et de persévérance. Le film devait sortir le 25 novembre 2021, mais la sortie a été déplacée au 5 janvier!
Une fascinante étrangeté
Si l’hommage à Ozu se révèle dès le titre (J’ai été diplômé mais…, J’ai été recalé mais…), J’étais à la maison, mais … présente des individus plongés dans le réel mais profondément décalés. Le jeune Philippe, 13 ans, revient dans la maison familiale après une disparition de plusieurs jours en forêt alors qu’Astrid, sa mère, semble voguer dans son monde intérieur. Et que dire de la petite sœur de Philippe, toujours absente. Les personnages se côtoient mais ne se connaissent pas vraiment, chacun reste une énigme pour ses proches dans une diatribe métaphysique non point exacerbée mais toujours en filigrane. J’étais à la maison, mais… évoque surtout l’incommunicabilité entre les êtres, l’impossibilité de s’ouvrir comme d’obtenir la parole d’autrui, pour des raisons physiques ou éminemment personnelles. Les paroles de chansons ou les monologues de théâtre ne sont que des récitations sans emprise sur l’esprit de celui ou celle qui les récite. Le film reste sans explications, l’épure est reine et Angela Schanelec creuse le sillon radical de l’Ecole de Berlin qu’elle créa il y a 20 ans avec Thomas Arslan (Gold) et Christian Petzold (Barbara, Phoenix). Les séquences mystérieuses s’enchainent et certains se désintéresseront faute de didactisme. L’angoisse sous-jacente n’est pourtant pas une impasse, l’impossibilité de communiquer est un concept suffisamment universel pour toucher un large nombre de spectateurs.
J’étais à la maison, mais… a tout du conte moderniste fait de solitude et de violence silencieuse. La société ordonne à chacun de jouer un rôle, il est possible de le refuser et de rester soi-même, même au sein de la ville, même au sein du foyer. Conceptuel, pour le moins!
Synopsis: Alors qu’il avait totalement disparu, Phillip revient à la maison au bout d’une semaine, blessé au pied, sans aucune explication ni un mot pour sa mère Astrid. Aidée par son professeur elle cherche à répondre à des questions sans réponses: qu’était-il parti chercher ? Se confronter au sentiment d’impuissance face à la force de la nature provoqué par la mort de son père ?
Film totalement incompréhensible et pour moi, bien vide et glacial !! Je ne quitte jamais une salle de cinéma, mais ici, au bout de 40 minutes, je me suis enfuie, après bien des efforts de patience et d’attention…