Jeunesse de Julien Samani, film sur les rêves de jeunesse fracassés sur les rochers de la réalité
Jeunesse conte le départ vers l’aventure d’un rêveur congénital à bord d’un cargo rouillé. Le jeune homme aux perspectives limitées s’imagine marin dans des contrées exotiques. La tragédie le ramènera bien vite sur terre. Métaphore d’une jeunesse actuelle avide de grand large mais confrontée à des perceptives limitées, le film interpelle et laisse songeur.
Le film débute tandis que deux jeunes freluquets tentent de convaincre le capitaine d’un navire de les embaucher. Sa mine sceptique douche l’enthousiasme du premier mais le second persévère. Sans salaire mais pas sans horizon, il embarque pour le voyage d’une vie. Taches ingrates et mines patibulaires de collègues confrontés à la solitude du marin composent un quotidien limité et répétitif. Le jeune Kevin Azais, aperçu récemment dans Les Combattants, campe l’idéaliste qui s’abime contre le parpaing de la réalité.
Le pavillon panaméen du navire fait figure de mirage. Hissé tout en haut du mât le plus haut, il semble indiquer le sens du vent mais aussi tromper son monde. Les plus anciens ne sont pas dupes, connaissant la destination. Un équipage roué accueille le jeune matelot à coups de regards hostiles. Samir Guesmi (L’effet aquatique) est le second revenu de tout avec le morceau de bois perpétuellement aux lèvres. Lui ne sait rien faire d’autre et doit se contenter de son destin sans saveur. Jean-François Stévenin interprète un capitaine roublard et couve le jeunot avec tendresse. D’abord hors sujet puis apparemment motivé, la recrue devient un membre à part entière du vaisseau fantôme.
Destinations hasardeuses et avaries multiples égrènent un voyage vers l’inconnu, transformant le périple en huit clos pesant et désenchanté. Le navire a beau s’appeler Judée, rien ne ressemble moins à un voyage vers la terre promise. Le silence est la norme sur le cargo et un marin malheureux semble puni pour l’avoir trop oublié. Les dieux se vengent sur un équipage qui se laisser aller à l’optimiste. La traversée de l’océan ressemble à une traversée du désert sans lumière divine mais pas sans embuches.
La force métaphorique du film fascine malgré le peu d’alternance et le manque de rythme. Le jeune héros veut y croire et sa persévérante force l’admiration, malgré tout.
Zico a soif d’ailleurs. Il embarque sur un cargo au Havre. Très vite, les tensions avec le reste de l’équipage et les avaries à répétition mettent à mal ses rêves d’aventures. Une lutte s’engage alors contre les éléments et les épreuves qui frappent ces hommes.
Sortie : le 7 septembre 2016
Durée : 1h23
Réalisateur : Julien Samani
Avec : Kevin Azaïs, Jean-François Stévenin, Samir Guesmi
Genre : Drame