Koblic, un western moderne sous la dictature argentine, esthétisant mais limité
Ricardo Darin fait partie de ses acteurs qui justifient à eux seuls le visionnage d’un film. Le voir dans un film retraçant l’angoisse existentielle d’un pilote déserteur pendant la dictature argentine a quelque chose de fascinant. Son visage buriné, son regard intense et son économie de paroles pourraient suffire à ressortir ravi de la salle. Sauf que Koblic s’enfonce cruellement dans un récit simpliste et sans nuances. Les héros ont des têtes de braves gars et les crapules ont des faciès effrayants. L’arrière plan historique est abordé par le petit bout de la lorgnette et les aventures du héros rebelle peinent à transcender le récit.
Un drame sans ampleur
Koblic se terre dans une bourgade oubliée de l’Argentine rurale. Pilote dans la marine argentine, il a déserté pour ne plus participer aux exactions du régime. Taiseux mais déterminé, il est hanté par les images de ces prisonniers précipité dans le vide par les portes ouvertes de l’avion en vol. Voilà pour l’arrière plan historique, dramatique mais limité. Etranger dans une petite ville où tout le monde se connait, sa présence suscite bien vite la curiosité, en premier lieu du shérif local et de la femme du gérant de la station service. Ces trois personnages vont jouer un mano a mano crispé que l’on aurait bien vu s’élever un peu plus. Et comme le héros n’en dira pas vraiment davantage, le spectateur doit se farcir de longues plages de silence devant les protagonistes taiseux. Le film ne durant pas plus d’1h30, il se regarde sans déplaisir, mais sans passion non plus. Le héros d’origine polonaise (on se demande bien comment) et sa belle vivent une passion interdite qui tombe un petit peu comme un cheveu sur la soupe. Pas de duplicité ni de sous entendus, l’intrigue est littérale, sans humour aucun ni subtilité. Le réalisateur d’El Chino n’en rajoute pas suffisamment pour captiver le spectateur.
Koblic a tout du rendez-vous manqué entre un acteur intense et un réalisateur qui a beaucoup réfléchi sur son film. L’ambition manque cruellement à un film trop souvent sur pilote automatique.
Argentine 1977. Un ancien pilote et capitaine de la Marine argentine, Tomas Koblic s’enfuit après avoir désobéi à un ordre de l‘armée soumise à la dictature. Caché dans une petite ville du sud du pays, sa présence attire l’attention du maréchal local d’une autorité abusive et sans scrupules. La conscience n’a nulle endroit pour se cacher..
Sortie : le 5 juillet 2017
Durée : 1h32
Réalisateur : Sebastián Borensztein
Avec : Ricardo Darín, Oscar Martinez, Inma Cuesta
Genre : Policier, Historique, Thriller