Kung Fu Panda 3, grand et carré sans retour de bâton
C’est le troisième volet. Normalement le dernier si l’on suit la logique de développement des studios d’animation. Dreamworks avait lancé l’aventure avec le premier chapitre de Kung-Fu Panda en 2008. Dans un petit village, coincé dans une vallée chinoise, un panda nommé Po, ayant pour père adoptif une oie, devient l’élu désigné par le grand maître de l’art martial, la tortue Oogway. Dans les premiers chapitres, Po passe de la groupie à la star de Kung-Fu. Au fur et à mesure, accompagné de ses amis, Mante, Tigresse, Singe, Vipère, Grue, Po le gros panda améliore son kung-fu pour arriver enfin, dans l’épisode 3, maître de ses camarades. Leur ancien maître, Shifu, prend sa retraite. Le maître des maître, inventeur du kung-fu, Oogway, est dans le monde des esprits.
D’ailleurs, et c’est là où tout commence pour ce troisième volet, la tortue Oogway vient se faire chahuter par un ancien frère d’armes vieux de 500 printemps dans le monde des esprits. Cette grosse bête, qui pèse son âge, se fait appeler Kaï. Imaginez une sorte de bâtard entre un buffle et un auroch, sur ses deux pattes arrières, et deux dagues en lames de jade au bout de chaines de cent mètres de long. Bref. Une plaie. Kaï, veut éradiquer toutes traces de son ex-ami Oogway. Et pour ça, en aspirant le « chi » (énergie) de la tortue, il revient parmi les mortels. Po, et ses amis, vont devoir faire face. En plus de devoir sauver le monde, Po va devoir affronter quelque chose d’autre : son père. Élevé par une oie, il était le seul panda du village. Son père, un panda donc, va tout faire pour essayer de récupérer son fils, et le raccompagner dans un village caché où les pandas (alors oubliés) subsistent. Toute la magie des films d’animations des studios de grande fame réside dans cette capacité à mêler le divertissement pour les jeunes, et des réflexions un peu plus poussées, ici, « qui suis-je ? ».
[…] Kung Fu Panda 3 se fonde sur l’art martial asiatique qu’est le kung-fu.
Une des réussites de cette franchise, c’est sans doute la qualité de la réalisation. Sur le plan purement graphique, l’animé jongle entre le old fashion de l’animation peinte, l’animation 3D et la grâce de l’art asiatique type estampe. Les couleurs vacillent entre chaleur et douceur, agressivité et docilité. Dreamworks rencontre l’immense studio China Film Co. Ldt. Et c’est fort. L’esthétique et la minutie des deux font de l’animé un bouillon de culture à la sauce parfaite d’un point de vue technique. En sus des visuels fichtrement plaisants, le film fait foi d’un énorme travail de chorégraphie (oui). On l’oublierait presque, mais Kung Fu Panda 3 se fonde sur l’art martial asiatique qu’est le kung-fu. On retrouve la rigueur des films classiques du même ordre. Bien que ce soit fait numériquement, les gestes sont millimétrés et rythmés d’une façon impressionnante. Point que peut-être l’enfant ne peut profiter entièrement. De ce fait, la haute grandeur de ce genre de production, c’est la facile et l’intéressante double lecture que l’on peut faire. D’une part, on peut y coller l’étiquette de dessin animé pour les kids. Plaisant, qu’ils passeront d’ailleurs en boucle pour leur plus grand plaisir. D’autre part, le plus vieux (ou le moins jeune) peut tout de même passer un bon moment devant ce genre de film. Le moins jeune peut profiter avec plus d’aisance de la qualité des graphismes, de la réal, et parfois, c’est-à-dire souvent dans les animés, de blagues salaces semées par-ci par-là. Kung Fu Panda 3 coche la case-coche de l’animé de pour tous.
Une des réussites de cette franchise, c’est sans doute la qualité de la réalisation.
Nous le disions, le film laisse place à des bouts de pistes de réflexions philosophiques. Bien entendu, ce n’est pas du Kant ou du Confucius, mais tout de même, l’animé a le mérite de ne pas être vide de propos et de sens. Po le panda rencontre pour la première fois son père. C’est d’ailleurs, dans la chronologie de la série, la première fois qu’il rencontre un poilu comme lui. En sus, pour vaincre Taï (gros méchant bien badass), ses maîtres lui disent que la clef est de savoir ce qu’il est. Le retour du panda dans un cadre où ne vivent que des pandas lui apparaît comme une piste. Son père adoptif, l’oie, le suit. Avec lui alors dans sa quête, son cadre d’origine (les poilus noirs et blancs), son père adoptif, son père biologique, et le titre pesant de kung-fu maestro. Tout doit être remis dans l’ordre. Il se perd d’abord quand il cherche à être une seule chose à la fois, laissant alors le reste dans la désuétude. Mais, lorsqu’il comprend qu’il est tout ce qu’il est, tout ce qu’il fait et tout ce qui l’entoure, alors il trouve une sorte de paix intérieure qui lui permettra d’être entièrement. Tiré par les poils ? Pas tant que ça. Quand on compare et quand on fait le pont avec la philosophie asiatique et l’éthique bouddhiste, tout se tient, et on retrouve les aspérités caractéristiques. Encore une fois, ce genre de passerelles que la cervelle fait face à l’écran de cinéma est profitable aux plus grands, et prouve de nouveau la richesse d’un film que l’on voudrait déchoir.
Bien entendu, Kung Fu Panda 3 n’est pas un incontournable. Néanmoins, on en sort content. Bien que le scénario soit parfois peu poussé (nous n’en attendons pas plus), il en reste quelque chose d’agréable. Batman vs Superman a été pondu par des studios qui souhaitèrent étirer au maximum de la patte à petits pains. Ils ont fait de cette avidité une honte aux franchises. Espérons maintenant que Dreamworks ne fasse pas preuve de la même gourmandise. Espérons aussi qu’ils se concentreront davantage sur la création et l’imagination, cette formule magique, qui jusqu’à présent fait mouche.
A partir de 3 ans.
Po avait toujours cru son père panda disparu, mais le voilà qui réapparaît ! Enfin réunis, père et fils vont voyager jusqu’au village secret des pandas. Ils y feront la connaissance de certains de leurs semblables, tous plus déjantés les uns que les autres. Mais lorsque le maléfique Kaï décide de s’attaquer aux plus grands maîtres du kung-fu à travers toute la Chine, Po va devoir réussir l’impossible : transformer une horde de pandas maladroits et rigolards en experts des arts martiaux, les redoutables Kung Fu Pandas !
Sortie : le 30 mars 2016
Durée : 1h35
Réalisateur : Jennifer Yuh, Alessandro Carloni
Genre : Animation, Aventure, Comédie