Les délices de Tokyo, un film délicieux de Naomi Kawase en DVD
Naomi Kawase réalise un film empreint de poésie avec Les délices de Tokyo. On y découvre la fameuse recette des dorayakis. Et même si tout semble tourner autour de la cuisson des haricots rouges, on découvre toute une philosophie de vie à travers ce conte. Publik’Art avait eu coup de cœur pour Still the water, Les délices de Tokyo sont de la même veine !
Bien sûr quand on va voir un film de Naomi Kawase, on se prépare mentalement à voir un film japonais, en mode zen. Les délices de Tokyo se déguste tout doucement pendant près de deux heures et se digère ensuite durant des jours et des jours. Sur le moment, on a l’impression d’avoir vu un film sans grande histoire, tellement elle est simple, mais après réflexion, le film prend une tout autre dimension.
Les délices de Tokyo raconte l’histoire de Sentaro qui cuisine, péniblement, et vend lui-même ses dorayakis. Jusqu’au jour, où une femme, déjà âgée, lui propose de lui faire sa propre recette. Il commence par refuser, vu son grand âge et la fatigue de la tâche. Tokue va finalement être embauchée et ensemble ils vont faire les meilleurs dorayakis du monde. Mais là n’est pas l’essentiel du film.
Toute la première partie du film est centrée sur la cuisson des haricots rouges, durant des heures et des heures. Au fil de ces heures, la relation entre Sentaro et Tokue va prendre forme, naturellement, sans beaucoup de dialogues. Tokue va prendre sa place de « sage ». Chez la réalisatrice, Naomi Kawase, les personnes âgées ont toujours le rôle déterminant. Le rythme est lent, voire très lent, mais toujours poétique. On admire au passage la nature, les cerisiers en fleurs, les jeunes collégiennes qui discutent. Rien d’essentiel à première vue. Aucune notion de temps, de stress.
On n’a pas du tout l’impression d’être à Tokyo, mais on ressent bien l’ambiance japonaise. Puis, la réalisatrice Naomi Kawase va nous révéler le secret de cette femme, Tokue, qui est aussi le secret de l’Histoire du Japon. Cela n’empêche pas Tokue de respirer la joie de vivre et de s’extasier devant une feuille qui bouge. Elle va nous dévoiler son message en regard de la vie qu’elle a eue, qu’elle a subie. Et le film va prendre une tout autre dimension. Comme un conte philosophique. Comme chacun des films de Naomi Kawase. Tokue va délivrer à Sentaro, comme si c’était son fils, les moyens d’être heureux sur terre. Pas besoin d’être un grand homme, pas besoin de donner un sens à sa vie, admirer la nature et l’écouter, vivre en accord avec elle est déjà un immense bonheur.
Le film Les délices de Tokyo est à la fois très simple, très léger tout en atteignant une belle profondeur d’âme. La fin du film est plus lourde et pesante et peut d’ailleurs déranger. La tristesse prend le pas sur la gaieté et la légèreté. Mais que de vérités simples, souvent oubliées, sont émises, par le biais de très bons acteurs ! Souvent le scénario se devine à l’avance, mais peu importe, Publik’Art a aimé ce film ! Dans nos vies infernales, ce moment de répit que nous offre Naomi Kawase n’a pas de prix ! De la poésie, de la délicatesse, des photos sublimes, une musique en harmonie avec les images, et beaucoup de mélancolie font de ce film un havre de paix. A voir et à méditer, encore et encore.
Les délices de Tokyo ont eu huit nominations au Festival de Cannes 2015, mais sont repartis, hélas, bredouilles…
Tokue, une femme de 70 ans, va tenter de convaincre Sentaro, le vendeur de dorayakis, de l’embaucher.
Tokue a le secret d’une pâte exquise et la petite échoppe devient un endroit incontournable…
Sortie en DVD : le 7 juin 2016
Durée : 1h53
Réalisateur : Naomi Kawase
Avec : Kirin Kiki, Masatoshi Nagase, Kyara Uchida
Genre : Drame, comédie
Acheter sur Amazon
Très belle critique, j’ai aussi beaucoup apprécié ce film, tout en finesse et en retenu. Beaucoup d’émotions !
Je ne connaissais pas du tout, cet extrait me donne vraiment envie de le voir ! Merci !