Elaha est un film surprenant. Le personnage principal interprété par Bayan Layla vit en Allemagne, elle est d’origine kurde et le poids des traditions est très important dans cette communauté. Alors qu’elle doit se marier, un test de virginité est demandé par la future belle-famille, ce qui ne va pas sans lui poser des problèmes de conscience. Le récit tient en haleine tout du long dans un film attachant qui amène à la question centrale: une femme peut-elle rester elle-même dans un monde de traditions?
Une héroïne très actuelle
Elaha vit dans une famille d’origine kurde. Son père au chômage, c’est sa mère qui fait vivre la famille. Elaha cumule études et travail au pressing pour aider à apporter quelques subsides à la maisonnée. L’ambiance est des plus pesantes, le mère est sensible à l’image renvoyée à l’extérieure, rappelant à tout bout de champ sa peur d’une possible honte suscitée par un comportement selon elle mal avisé. Mais Elaha est une jeune femme aux désirs bel et bien présents. Alors quand la perspective du mariage soutenu par sa famille se rapproche, elle se pose la question de ses envies à elle. Veut-elle vraiment se marier? Cette union est-elle sa décision ou celle de sa mère? La réalisatrice Milena Aboyan pose la question de l’autodétermination avec acuité au sein d’une communauté très présente en Allemagne. Les copines délurées, le petit frère atteint d’une pathologie invalidante, le film accumule les détails qui font s’attacher au personnage principal. Car elle se sent seule face à ses interrogations et c’est une prof qui va lui ouvrir les yeux sur elle et son avenir. Car seule, elle ne sait pas quoi penser. Elle envisage une opération de reconstruction de l’hymen, elle réfléchit même à l’utilisation du produit VirginiaCare conçu pour aider les femmes en détresse à simuler leur prétendue virginité à l’aide de capsules de faux sang, mais ce n’est pas la solution pour elle. Le film montre un cheminement vers l’acceptation de ses propres désirs dans un monde qui fait tout pour les juguler. La réalisatrice Milena Aboyan est née kurde yézidie en Arménie en 1992. Elle a commencé une formation sur 4 ans en Allemagne en 2010 pour devenir actrice. Au cours de ce programme, elle a joué dans plusieurs pièces de théâtre et après avoir obtenu son diplôme, elle a changé de discipline pour commencer à se concentrer sur l’écriture. Son dernier film Elaha à la Filmakademie a reçu le Kaiju Cinema Diffusion Prize au Festival du film de Locarno.
Le film raconte l’histoire d’une jeune femme qui certes veut respecter sa culture et ses traditions mais doit surtout se convaincre de son indépendance d’esprit. Le film sort le 7 février en salles pour un beau moment de cinéma.
Synopsis: Elaha, une jeune femme d’origine kurde de 22 ans, cherche par tous les moyens à faire reconstruire son hymen pensant ainsi rétablir son innocence avant son mariage. Malgré sa détermination, des doutes s’immiscent en elle. Pourquoi doit-elle paraître vierge, et pour qui ? Alors qu’un dilemme semble inévitable, Elaha est tiraillée entre le respect de ses traditions et son désir d’indépendance.