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« Les Idoles » de Christophe Honoré ou l’éternelle inspiration

"Les Idoles" de Christophe Honoré ou l’éternelle inspiration
Julien Honoré, Marlène Saldana, Paul Kircher et Harrison Arévalo dans « Les Idoles » © Jean-Louis Fernandez

« Les Idoles » de Christophe Honoré ou l’éternelle inspiration

Il y a eu « Plaire, aimer et courir vite » au cinéma, puis la publication du récit autobiographique « Ton père ». Christophe Honoré termine son triptyque sur l’homosexualité en ressuscitant au plateau la génération sida de ses idoles parties trop vite. Et les revoilà donc pour un retour en arrière et au présent, un retour sur images ici et maintenant, sous les traits d’actrices et acteurs.

Une déclaration d’amour, un regret poignant, un exercice drôle et irrévérencieux selon l’art et la manière de Christophe Honoré. Ces années-là, c’était les années sida : on le découvre, il se propage, on en porte les stigmates, on en meurt. Encore étudiant, Christophe Honoré quitte Rennes pour Paris où il comprend que tous ceux qu’il aime, qu’il admire, sont partis : les dramaturges Jean-Luc Lagarce et Bernard-Marie Koltès, le chorégraphe Dominique Bagouet, le romancier Hervé Guibert, le critique de cinéma Serge Daney, les réalisateurs Cyril Collard et Jacques Demy. Tous étaient homosexuels.

Qu’ils soient hommes ou femmes, au plus près du désir et des idées, les acteurs convoqués devant nous donnent chair à ces figures et aux questions cruciales que la sexualité, l’amour, la mort font naître. Il y a l’aveu des uns, le déni des autres, l’engagement ou le repli de certains. Ils dansent, parlent, chantent, s’engueulent, rient et nous invitent à ne pas oublier ce que le sida a laminé.

Mettant en scène ces artistes sous une forme de dialogue imaginaire qui conjugue à la fois le passé et le présent, Christophe Honoré interroge par delà le manque, leur héritage, leur engagement, leur rapport à la maladie et à la création.

Mémoire d’artistes, d’hier et d’aujourd’hui

« Une réunion d’amis qui dansent comme on jette une poignée de terre sur le bois d’un cercueil », commente Christophe Honoré, dont la voix en off accompagne les premières minutes du spectacle.

Formant une ronde, les comédiens agitent leurs bras comme des oiseaux battant de l’aile, au rythme de la chanson des Doors, When the music’s over. C’est un écho au spectacle, Jours étranges, que Christophe Honoré découvrit en 1992, peu après le décès de son auteur, le chorégraphe Dominique Bagouet, touché lui aussi par la maladie.

Une convocation humaine mais aussi festive si propre au geste dramaturgique et scénique de Christophe Honoré, où affleure l’esprit de chacun des artistes, sa culture, son humour, son goût de la provocation, et qui le voit revendiquer sa condition d’homme et sa manière d’affronter la maladie, de conjurer la vie.

Des figures qui se débattent contre elles-mêmes, contre la mémoire, où s’entremêlent la vie et la mort, la confession et le secret, l’élan et la mélancolie.

Si certains ont dévoilé ouvertement leur homosexualité comme Jean-Luc Lagarce ou Hervé Guibert, d’autres sont restés plus discret, « dans le placard » comme Jacques Demy.

Des instantanés accompagnent la représentation qui surgissent pour évoquer la notion d’héritage notamment celle de Jacques Demy avec ce numéro de danse haut en couleur de Marlène Saldana (formidable) sur la Chanson d’un jour d’été, des Demoiselles de Rochefort ou encore l’attirance de Bernard-Marie Koltès pour New York et ses bad boys dans une scène du film d’une époque avec John Travolta dans la fièvre du samedi soir.

La perte aussi brûlante hypnotise la scène à travers le monologue poignant de Marina Foïs qui scrute les derniers instants de Michel Foucault dans les yeux de son ami Hervé Guibert.

Une traversée à la fois grave, légère, enjouée, musicale, et étirée, capable de convoquer un numéro de claquettes ou encore une chanson de Bob Marley.

L’alchimie évidente qui opère entre les comédiens (Harrison Arévalo, Jean-Charles Clichet, Marina Foïs (Molière de la comédienne en 2019 pour la pièce), Julien Honoré, Paul Kircher et Marlène Saldana), donne à la pièce une énergie vitale et communicative, qui porte en elle toute la singularité et la fougue de ces artistes trop tôt disparus.

Dates : du 18 janvier au 6 avril 2025 – Lieu : Théâtre de la Porte-Saint-Martin (Paris)
Mise en scène : Christophe Honoré

NOS NOTES ...
Originalité
Scénographie
Mise en scène
Jeu des acteurs
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.
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