Date de sortie : 14 janvier 2015
Durée : 2h02
Avec : Ricardo Darin, Oscar Martinez, Leonardo Sbaraglia, Erica Rivas, Julieta Sylberberg et Rita Cortese
Synopsis du film Les nouveaux sauvages :
L’inégalité, l’injustice et l’exigence auxquelles nous expose le monde où l’on vit provoquent du stress et des dépressions chez beaucoup de gens. Certains craquent. Les Nouveaux sauvages est un film sur eux.
Vulnérables face à une réalité qui soudain change et devient imprévisible, les héros des Nouveaux sauvages franchissent l’étroite frontière qui sépare la civilisation de la barbarie. Une trahison amour, le retour d’un passé refoulé, la violence enfermée dans un détail quotidien, sont autant de prétextes qui les entraînent dans un vertige où ils perdent les pédales et éprouve l’indéniable plaisir du pétage de plomb.
Attention comédie déjantée à l’horizon ! Voilà qui fait du bien en ces jours troublés par la gravité d’évènements tragiques dans notre bel hexagone. Les nouveaux sauvages du réalisateur argentin Damian Szifron, auteur de deux séries TV à succès dans son pays et adaptées à l’international (Los simuladores de 2002 à 2003, Hermanos & Detectives en 2006) et de plusieurs longs métrages (El fondo del mar, Tiempo de valientes) ayant pour point commun de s’inscrire dans le registre de la comédie plutôt noire. Avec son nouveau film Les nouveaux sauvages coproduit au sein de El Deseo, la compagnie de Pedro Almodovar et son frère Agustin, le réalisateur ne change pas de ton mais plutôt de genre en proposant un film à sketches dans la tradition de la comédie italienne comme Les Nouveaux Monstres (1977) de Mario Monicelli, Dino Risi et Ettore Scola, bien qu’il revendique son influence plus du côté de Amazing Stories de Steven Spielberg ou New York Stories de Martin Scorsese, Francis F. Coppola et Woody Allen.
L’ un des meilleurs segments est celui qui ouvre le film et se passe dans un avion, le film démarre très fort avec un enchaînement de situations à la fois hilarantes et surréalistes, Les nouveaux sauvages imprime immédiatement un ton unique et la drôlerie est assurée avec ce génial premier sketch qui lorgne vers Kafka ou Ionesco. Hélas la suite du film sera un peu moins percutante, bien que l’on retrouve dans d’autres histoires le même humour politiquement correct avec pour fil rouge le pétage de plombs de personnages pris dans l’engrenage à un moment de leur vie où tout va déraper et les plonger près de la barbarie et loin de l’homme civilisé. Symbole de la réalité d’un monde moderne qui fait que l’homme doit faire face de plus en plus à des contradictions et des frustrations, comme à travers l’histoire de deux automobilistes qui, par un enchaînement de situations en partie dues au hasard, vont faire grandir en eux une haine mutuelle et meurtrière dans une poursuite en voiture pleine de fureur et de rage, mais aussi de rire ! Ainsi Les nouveaux sauvages, malgré la gravité des sujets qu’il aborde, ne cesse de tourner cette galerie de personnages en ridicule, comme ces deux tenancières d’une cantine insalubre au bord d’une autoroute et jouées par Julieta Zylberberg et Rita Cortese, cachant quelques instincts meurtriers, ou un ingénieur expert en démolition incarné par Ricardo Darin (Dans ses yeux) qui va voir sa vie bien rangée basculer du jour au lendemain. Mais au final le sketch qui retient le plus l’attention est celui qui termine le film avec une cérémonie de mariage qui va peu à peu ressembler à un règlement de compte pour la future mariée (Erica Rivas) et s’apparentant au délire et désordre progressif qui habitait celui de La party (1968) de Blake Edwards.
Les nouveaux sauvages est LA comédie corrosive à voir absolument en ce moment, bien qu’inégale par certains sketches, mais possédant assez de moments hilarants pour en faire un succès en France, peut-être même autant que lors de sa sortie sur les écrans argentins en 2014.
[…] Vous pouvez lire la chronique de Thierry Carteret, beaucoup plus positive que la mienne : ICI […]