Sortie : 8 janvier 2014
Durée : 1h52
Avec : Carmen Maura, Hugo Silva, Mario Casas, Carolina Bang
Attention Objet filmique non identifié en vu ! Le nouveau film de Álex de la Iglesia va certainement diviser les spectateurs en deux camps : ceux qui vont adhérer (et adorer) et ceux qui vont détester (et quitter la salle avant la fin).
Synopsis :
[pull_quote_center]En plein jour, un groupe d’hommes braque un magasin d’or de la Puerta del Sol à Madrid. José, père divorcé en plein conflit avec son ex-femme, Tony, son complice, sex-symbol malgré lui, Manuel, chauffeur de taxi embarqué contre son gré dans l’aventure, et Sergio, le fils de José, partent en cavale. Objectif : atteindre la France en échappant à la police… Mais arrivé près de la frontière française, dans le village millénaire de Zugarramurdi, le groupe va faire la rencontre d’une famille de sorcières, bien décidées à user de leurs pouvoirs maléfiques pour se venger des hommes…[/pull_quote_center]
Le cinéaste espagnol propose ni plus ni moins avec son nouveau long métrage, un délire digne d’un Evil Dead (1981/ le remake de 2013) qui aurait rencontré l’univers onirique et baroque de Federico Fellini, et particulièrement celui de La cité des femmes (1979). Le film fait aussi penser à Calmos (1976) de Bertrand Blier pour son fond incroyablement misogyne (le réalisateur aurait-il des comptes à régler avec la gente féminine ?) les sorcières du titre étant ici uniquement animées par le désir de dévorer (au sens propre comme au figuré) l’homme et son machisme désuet. Un tableau féroce de la féminité qui culminera lors de l’apparition d’une ogresse monstrueuse semblant sortir d’un film de Peter Jackson.
Partant sur un début percutant avec une séquence de hold-up absolument géniale convoquant à la fois les figures d’un soldat (en « plastique »), de Bob l’éponge et même de Jésus Christ ( !) – en fait les gangsters dissimulés sous l’apparence de mimes de la rue – le film de Álex de la Iglesia démarre en trombe dans un festival de répliques et de course poursuite gaguesque totalement hilarante et jouissive, bref de la bombe sur pellicule entre l’énergie de Trainspotting (1996) et la folie de Brazil (1985).
Puis la bande des quatre voleurs (s’y adjoint le petit garçon de l’un deux !) dont les figures masculines sont celles de gentils « machos » plus sensibles que le veut leur apparence, vont tomber dans un repère… de sorcières ! A partir de là le film reste divertissant mais hélas plus à la hauteur de son fabuleux prologue. La faute à un script qui va trop dans l’excès et le grand guignol et dans lequel le cinéaste livre toutes ses obsessions et délires, jusqu’à l’écœurement. C’est fort dommage car on retrouve encore ici et là des éclairs de génie, comme la scène du dîner des sorcières ou bien celle du striptease où la jeune sorcière sexy fait jouer à son balai un rôle pour le moins suggestif… En tête de casting (et de ce sabbat un peu dingue) Carmen Maura (Volver) est parfaite mais a tendance à trop cabotiner sur la fin.
Habitué à livrer des comédies noires excellentes comme Le crime farpait (2004) ou des films de genre délirants comme son premier film Action mutante (1992), Álex de la Iglesia propose avec Les Sorcières de Zugarramurdi un mélange des genres pas toujours bienvenu mais bourré de bonnes idées de mise en scène, un spectacle cependant frustrant car pas passé loin d’être le chef d’œuvre de Álex de la Iglesia.