Leurs enfants après eux, le Prix Goncourt décerné à Nicolas Mathieu (Actes Sud)
Publikart vient d’apprendre que Nicolas Mathieu vient d’être le grand gagnant du Prix Goncourt 2018 avec son deuxième roman : Leurs enfants après eux. Une magnifique nouvelle !
Voilà la chronique de Publik’Art publiée en octobre 2018 :
La vie dans les années 90 dans l’Est
C’est l’histoire d’ados que l’on va suivre durant quatre étés. De 1992 à 1998. Anthony a quatorze ans en 1992. Il passe tout son temps avec son cousin. Ils connaissent tout le monde à Heillange. Une ville quelque part dans l’Est de la France, qui ressemblerait fort à Hayange… Une ville où les hauts-fourneaux ne fonctionnent plus depuis longtemps, où le travail se fait rare. Et à travers ces ados, l’auteur décrit parfaitement la vie dans cette petite ville, qui n’est ni une cité, ni un village, mais une ville moyenne, avec ses zones commerciales, ses pavillons, et ses fêtes foraines. Sans oublier le bal du 14 juillet. Bien sûr, Anthony est « travaillé » par les filles. Et son rêve est de coucher avec Steph, la petite bourgeoise d’Heillange.
Les études, la drogue et le sexe.
Quand on est ado et qu’on habite une ville comme Heillange, on n’a qu’un rêve : la quitter et si possible « monter » à Paris. Pour cela, il faut s’en donner les moyens et réussir dans les études.
Nicolas Mathieu décrit parfaitement la vie au quotidien de ses jeunes ados un peu désœuvrés. Les bêtises fusent. L’alcool coule à flot, la drogue circule. Certains dealent et deviennent très riches. D’autres se retrouvent en prison. et tous ont envie de découvrir le sexe et l’amour.
A travers ce livre, Leurs enfants après eux, le lecteur n’a aucune nostalgie de ce temps-là. Leur vie ne donne pas envie. Ils se sentent oubliés du système, perdus, non reconnus. La vie de leurs parents a été toujours difficile. Ils ont payé toute leur vie le crédit pour leur petit pavillon. Et n’ont jamais profité de rien. Et leurs enfants ne veulent surtout pas de cette vie-là. Tout sauf la vie de leurs parents qui leur paraît dérisoire et sans intérêt. Eux, flambent, veulent de l’argent, vite, très vite. Et puis, le temps passe. Leurs « conneries » diminuent.
Le vol de la moto
Hacine vole la moto d’Anthony, un soir de fête. Le problème est que cette moto est celle de son père et qu’il n’avait pas le droit de la prendre. A partir de là, tout dégénère dans la famille d’Anthony, et ce, pour des années. Jusqu’à la dernière page, on ne sait pas comment ça va tourner. Car même si les garçons se sont assagis avec les années, ils réagissent au quart de tour quand il s’agit de moto ou de fille !
Nicolas Mathieu parle sûrement de ce qu’il a connu dans son adolescence. C’est à la fois une bonne étude sociologique des années 90 et un bon rendu de la vie au quotidien pour des citoyens de cette France de l’entre-deux. L’auteur nous amène jusqu’à la coupe du Monde 98, époque où les téléphones portables étaient inexistants ainsi qu’Internet ! Une époque qui paraît à des années-lumière de la nôtre !
Toutes nos félicitations à Nicolas Mathieu !