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L’homme au mille visages perd un peu le spectateur

L'homme aux mille visages
L’homme aux mille visages, film de Alberto Rodriguez, Copyright Julio Vergne

L’homme au mille visages perd un peu le spectateur

L’Espagne contemporaine a connu un scandale financier sans équivalent même si resté discret au-delà de ses frontières. Le réalisateur Alberto Rodriguez en propose une déclinaison romanesque à la sauce espions et traquenards. Les deux personnages principaux louvoient entre petites combines et apparences trompeuses pour une trahison haute en couleur avec à la clé démissions de ministres et défaites électorales. Le film ultra rythmé perd quelques peu les spectateurs avec un excès de commentaires (en espagnol) et un trop plein d’effets dramatiques. Le film aurait profité de quelques ellipses et ralentissements pour atteindre le niveau de l’exemple parfait en la matière, le bien nommé Tinker Taylor Soldier Spy (La Taupe en français).

Un scandale rocambolesque

Que dit l’histoire véridique? En novembre 1993, Luis Roldán, chef de la Guardia civile, est accusé de détournement d’argent public, à hauteur de millions de pesetas. Dès février 1994, il fuit l’Espagne clandestinement pour échapper à une convocation de juge devant déboucher à une incarcération. Pendant six mois, il se cache avant d’être arrêté en février 1995 à l’aéroport de Bangkok dans des circonstances mystérieuses. L’arrestation aurait été préparée par un accord secret visant à lui faire échapper au jugement final. Mais Roldán sera finalement condamné à une peine de prison se comptant en décennies, avec pour conséquences collatérales la démissions de deux ministres de l’Intérieur et la défaite électorale du gouvernement socialiste de Felipe Gonzalez. Une histoire aux multiples zones d’ombres décortiquée par le réalisateur de La Isla Minima dans un récit tortueux et retors. Une éminence grise de l’ombre sert de fil rouge. Un peu espion, un peu fraudeur, un peu diplomate, un peu extorqueur, Paco tire les ficelles d’une intrigue qui se perd un peu dans une accumulation de détails plus ou moins importants. Et comme le héros ressemble plus à Maigret qu’à l’Inspecteur Harry, il cache son jeu derrière une carapace dénuée de scrupules.

Du rythme mais une mise à distance constante

L’homme aux mille visages pourrait fasciner le spectateur mais son attitude perpétuellement distante va jusqu’à poser la question de sa crédibilité. Sans tambours ni trompettes, le méphisto espagnol réussit à extorquer une somme faramineuse pour se venger de traitements précédents, mettant au premier plan son envie de vengeance au-delà de son art de la magouille. Le ton ultra réaliste se passe de gunfights et privilégie les arrières cours aux feux de la rampe. Les mensonges sont monnaie courante et les longs regards fixes sont la règle. L’ambiguité entoure tout le déroulement du film jusqu’à quelque peu lasser tant le héros replet s’ingénie à brouiller les pistes jusqu’à mener une existence d’oiseau migrateur sans attaches et, disons-le, sans intérêt. Son ennui constant s’enveloppe de volutes de fumée très seventies, à la mode guerre froide et entourloupes est/ouest. Le récit est mené par le bras droit de Paco, un pilote de ligne séducteur aussi aride que son acolyte. 2h de film pour suivre les exploits de faussaires taiseux et retors, c’est un petit peu long…

Le pitch de L’homme aux mille visages séduit mais son traitement demande de la patience et surtout de l’endurance pour ne pas piquer du nez. A force de vouloir plonger les spectateurs dans tous les niveaux de lecture, le réalisateur perd son public pour un résultat quelque peu longuet.

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L’homme aux mille visages

Francisco Paesa, ex agent secret espagnol, est engagé pour résoudre une affaire de détournement d’argent risquant d’entrainer un scandale d’Etat. L’homme y voit l’opportunité de s’enrichir tout en se vengeant du gouvernement qui l’a trahi par le passé. Débute alors l’une des plus incroyables intrigues politiques et financières de ces dernières années : l’histoire vraie d’un homme qui a trompé tout un pays et fait tomber un gouvernement.

Sortie : le 12 avril 2017
Durée : 2h03
Réalisateur : Alberto Rodriguez
Avec : Eduard Fernández, José Coronado, Marta Etura
Genre : Policier, Drame, Biopic, Thriller

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NOS NOTES ...
Originalité
Mise en scène
Réalisation
Jeu des acteurs
Rédacteur ciné, théâtre, musique, BD, expos, parisien de vie, culturaddict de coeur. Fondateur et responsable du site Culturaddict, rédacteur sur le site lifestyle Gentleman moderne. Stanislas a le statut d'érudit sur Publik’Art.
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