Mizrahim aborde un sujet mal connu, le racisme dans la société israélienne. Là où tout le monde pense que tous les juifs sont traités de la même manière en Israël, Mizrahim montre bien que les juifs orientaux sont victimes de discrimination. Le film est construit comme un road trip entre passé et présent, mémoire et réalité, espoirs et souvenirs. Avec des barres d’immeubles localisées en plein désert, le film montre la dichotomie d’un état qui a préféré éloigner les émigrés juifs venant du Maroc ou des pays arabes loin des grandes villes. Un documentaires surprenant et instructif.
Les mêmes réflexes partout
Pays neuf à la sortie de la seconde guerre mondiale, Israël a appelé tous les juifs pour construire un état neuf. Mais en faisant miroiter les grandes villes de Jérusalem ou Tel Aviv comme points de chute, la promesse du retour se basait sur du mensonge. Une fois arrivés, les nouveaux venus ont été disséminés dans des villes nouvelles en périphérie, au cœur du désert, avec comme corolaire des discriminations à l’embauche ou dans les études. Devant l’injustice patente de la situation, le père de la réalisatrice, Michale Boganim, a fait partie en Israël du mouvement des Panthères Noires né en 1971 en protestation contre le statut inférieur des juifs orientaux, les Mizrahim. Avec des voix off racontant les histoires qui lui ont été racontées, la réalisatrice restitue ses souvenirs dans un déroulé passionnant. Le film a pu se faire grâce au soutien d’une maison de production française et l’Aide aux Cinémas du Monde ainsi que celle de la Région Île de France. La réalisatrice a imaginé son film comme une lettre adressée par une fille à son père disparu en 2017. La description des méthodes discriminatoires fait froid dans le dos, voulue par l’état et perpétuée à travers les générations. Nouveaux venus du Maroc, d’Irak, du Caucase, d’Ethiopie ou d’ailleurs, tous ont subis le même destin. Le documentaire montre du doigt la volonté des ashkénazes d’avoir sous la main une main d’œuvre bon marché pour construire et développer les villes nouvelles, sans possibilité pour eux de faire des études et de s’élever de leur milieu.
La réalisatrice s’est inspirée d’un livre de James Baldwin pour évoquer les discriminations avec un ton clair et un documentaire très bien construit. Le film sera disponible le 21 février 2023 en DVD.
Synopsis: Mizrahim, c’est le nom que donnent les israéliens aux juifs venus d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, victimes, dès leur arrivée sur la Terre Promise, d’un système discriminatoire qui fait d’eux des citoyens de seconde zone. Dans les années 70, un mouvement de révolte s’inspirant des Black Panthers aux États-Unis, émerge pour défendre leurs droits. Confrontée au deuil de son père, ancien membre de ce mouvement, Michale Boganim part à la rencontre de plusieurs générations de Mizrahim. Sous la forme d’un road-movie, le film approche par l’intime les questions d’exil et de transmission.