Moi, Olga, un exercice de style ambivalent
Moi Olga exhume un drame sanglant de la Tchécoslovaquie communiste dans un exercice de style ambivalent. Une jeune femme perdue et rejetée exprime son désarroi dans l’excès du désespoir. Le duo de réalisateurs Petr Kazda, et Tomás Weinreb choisit un noir et blanc élégant pour ressusciter une époque et livrer un film qui interpelle.
L’histoire vraie d’Olga Hepnarova sert de canevas à une interprétation de son caractère et de ses actes. Cette jeune femme a délibérément percuté des passants avec son camion, en tuant 8 d’entre eux. Jugée et condamnée à la peine de mort, elle n’a jamais formulé de regrets, s’enfermant dans une attitude jusque boutiste que les réalisateurs tentent d’expliquer sans condamner. Une criminelle peut-elle devenir l’héroïne d’un long métrage sans mettre le spectateur mal à l’aise ? L’exemple du Roberto Succo de Cédric Kahn en 2001 avait agité l’opinion publique en transformant un serial killer en Roméo fleur bleue des temps modernes. Le film se concentre sur l’avènement d’une révolte contre une société opaque et austère qui ne laisse pas l’occasion à Olga de s’exprimer. Loin de formuler des remords ou des excuses, elle s’est enfermée dans une attitude jusque boutiste la privant de toute compassion.
Le film se concentre sur un personnage rendu délibérément et foncièrement antipathique. Olga est solitaire, taiseuse et renfermée. Dans un pays engoncé dans la morosité communiste, ses perspectives sont aussi grises que le Noir et Blanc du film. Eprise de liberté et d’épanouissement, elle quitte sa famille pour gagner une indépendance qui ne la satisfait pas. Commence alors cet enfermement morbide et progressif jusqu’à la paranoïa et le drame. La jeune actrice Michalina Olzanska ne ménage pas ses moues boudeuses pour une ressemblance troublante avec la Natalie Portman époque Léon, coupe au carré oblige. Le film vogue dans un amateurisme rafraichissant, sans effet de manche autre que ce noir et blanc pesant et élégant. Ses pérégrinations amoureuses marient érotisme et dénuement, comme pour signifier l’impossibilité pour elle de connaitre un amour interdit par une société rétrograde.
Olga est solitaire. Homosexuelle dans la Tchécoslovaquie des années 1970, elle quitte sa famille rigide et glaciale mais ne trouve pas sa place dans une société qui la rejette. À 22 ans, elle décide de se venger.
Sortie : le 6 juillet 2016
Durée : 1h45
Réalisateur : Petra Kazda et Tomas Weinreb
Avec : Michalina Olszanska, Martin Pechlát, Klara Meliskova
Genre : Drame