Money Monster ou les limites de la critique du capitalisme
Money Monster s’inscrit dans la veine actuelle des films prenant pour cible un système financier devenu incontrôlable. Après les puissants Margin Call et surtout The Big Short, Money Monster aborde la question des excès du capitalisme sous un angle plus clinquant mais aussi moins crédible. Jodie Foster est à la réalisation pour un brulot trépidant même si un peu gonflé. Les bonnes questions sont adroitement posées mais se noient dans un scénario par trop hollywoodien…
Grand pourfendeur du système financier, George Clooney interprète Lee Gates, un présentateur de show télé expert en bons tuyaux. Fantasque et drolatique, il transforme une finance incompréhensible en un jeu cool et festif, capable de vous rendre riche rapidement. Les plus malins sauront bien que ce n’est qu’affabulation mais Lee Gates a fondé son succès sur une formule simple. Singles clinquants, petite danse cool et un débit mitraillette capables de convaincre les plus sceptiques. Quand un quidam débarque sur son plateau télé en menaçant le présentateur de tout faire sauter, la situation est hors de contrôle. Derrière ce pitch pétaradant se cache une pertinente réflexion sur l’impunité actuelle des sociétés financières. Sous prétexte d’une technicité incompréhensible, elles peuvent raconter n’importe quoi avec l’assurance de ne jamais être inquiétées car jamais vraiment comprises.
Les montants en jeu devraient pourtant inciter les corps de contrôle à plus de vigilance mais… est-ce juste possible? Le film imagine une perte sèche de 800M$ dans les comptes d’une entreprise sous prétexte d’une erreur informatique. Le pot aux roses est forcément plus délictueux et il faut être bien candide pour imaginer que tous les contrôles ne soient pas en place pour éviter ce genre de mésaventure. Ca ne vous rappelle rien ? Par exemple ce trader qui aurait fait perdre plus de 4 milliards d’euros à une grande banque française ? Imaginer qu’un couac informatique puisse avoir les mêmes conséquences, c’est mal connaitre la capacité des banques à se protéger. La prise de conscience du personnage interprété par George Clooney le fait vivre le bien connu syndrome de Stockholm et prendre le parti de son ravisseur, pour prouver que la perte de 800M$ est avant tout une fraude.
Le film joue sur des ficelles bien grosses et si Julia Roberts fait une réalisatrice d’émission crédible, c’est surtout sa petite voix dans l’oreille de George Clooney qui fait merveille. Quant à Jack O’Conell, il se cantonne de plus en plus dans le rôle de la victime non consentante et énervée, crédible mais répétitif. Le film fonctionne grâce à l’énergie insufflée par une Jodie Foster enfin de retour derrière la caméra. Après Le petit homme, Week-end en famille et Le complexe du castor, elle surfe sur l’actualité et tente de faire d’une problématique contemporaine rébarbative un film distrayant. Un peu comme Adam McKay pour The Big Short, avec moins d’explications complexes, tout autant de nerfs, un ton de thriller et une morale finale à la Robin des Bois. Le spectateur a envie de croire en ce dénouement heureux tout en sachant pertinemment que ce n’est que du cinéma…
Money Monster tape juste mais traine trop d’incohérences pour vraiment convaincre. A trop en faire, Jodie Foster transforme une réflexion intéressante en fiction fantaisiste…
Ce film a été présenté lors de la 69e édition du Festival de Cannes, hors compétition.
Sortie vidéo : le 21 septembre 2016
Durée : 1h39
Réalisateur : Jodie Foster
Avec : George Clooney, Julia Roberts, Jack O’Connell
Genre : Drame, Thriller
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