Jimmy Edmunds a perdu son fils Norman à la suite d’une longue maladie. Il raconte la relation particulière qu’il a noué avec lui avec le point de vue du père dévoué, attentif, aimant mais aussi parfois inflexible, jusqu’à la mauvaise foi et l’acrimonie. Il parle de tout, les pics de stress, les changements d’établissements spécialisés, l’impact sur ses amours et surtout les nombreux moments de joie partagés. Car si Norman a très tôt été privé de la parole, il interagit avec son père avec ses moyens à lui. L’auteur imagine également les pensée de son fils à travers le fil des évènements. Si le livre est difficile à commencer quand on est jeune parent, pour des raisons évidentes de transfert émotionnel, il captive très vite pour ne plus lâcher jusqu’à la dernière page.
Un livre témoignage prenant
Jimmy Edmunds raconte sa vie avec son fils. Il n’élude rien, ni les doutes sur sa capacité à prendre son de lui, ni sa rage contre un corps médical souvent incapable de faire les bons diagnostics, ni les difficultés engendrées par une difficile cohabitation entre ses compagnes et son fils. Tous ces éléments transforment parfois l’ouvrage en règlement de comptes, il fallait apparemment que ça sorte, c’est compréhensible. Mais l’important est ailleurs, car le personnage central de l’ouvrage, c’est Norman, enfant victime d’une pathologie sévère qui l’enferme tout au long de sa vie en lui-même, de l’enfance à l’âge adulte. Le lecteur suit les pérégrinations d’un père qui abandonne tout pour s’occuper de son fils, préférant le confier à des trop rares institutions spécialisées pour une prise en charge optimale. L’incurie de l’état français pour assurer une correcte prise en charge est d’ailleurs vertement abordée, soulevant un problème de fond que beaucoup ignorent et qui pourtant existe. Car le petit et bientôt moins petit a besoin de soins adaptés que des instituts non spécialisées ne peuvent tout simplement pas dispenser, et le père bien que rendu très disponible ne peut pas tout faire, il le sait. Et quand le père imagine les pensées de son fils, c’est souvent avec des mots d’adultes, il prête ses mots à ce qu’il ressent vis-à-vis de son fils. C’est peut-être un peu maladroit, mais c’est toujours touchant. Et le livre se suit, tout du long d’une vie trop courte mais pourtant très riche.
Norman mon fils est un récit témoignage qui mérite le détour. Le père aborde tant de sujets qu’il soulève des questions auxquelles beaucoup devraient pouvoir répondre. L’état, les médecins, les instituts spécialisés. Mais en ce qui concerne l’amour, il a les réponses et les prodiguent avec un luxe de détails tout au long de l’ouvrage.
23 juillet 2014. Norman vient de fêter ses 26 ans à l’hôpital de Rambouillet. C’est un enfant au sourire radieux dans un corps d’homme qui ne laisse pas indifférent. Il n’a pas été épargné par les épreuves. Une encéphalite herpétique à l’âge de deux ans le prive du langage et déclenche de violentes crises d’épilepsie qui engendreront des troubles autistiques. Ce « roman vrai » est le témoignage poignant de la relation exceptionnelle qui s’est nouée entre Norman et son père Jimmy Edmunds. Telle une conversation qu’ils n’ont jamais pu avoir, Jimmy et Norman se racontent la manière dont ils ont vécu la maladie et ses répercussions au quotidien. Ce livre évoque l’acceptation du handicap, le regard des autres, le déficit d’établissements spécialisés en France, mais surtout le combat d’un père qui s’est dévoué corps et âme pour que la vie de son fils soit belle.
Date de parution : le 9 janvier 2019
Auteur : Nathalie Gendreau, Jimmy Edmunds
Editeur : DACRES
Prix : 14 € (226 pages)
Achetersur : Amazon
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