Nos souvenirs de Gus Van Sant : le chemin peu crédible d’une rédemption
Sur papier, l’équipe est prometteuse : Naomi Watts, Ken Watanabe et Matthew McConaughey pour protagonistes sous la direction Gus Van Sant déjà acclamé par le passé pour des succès tels que Good Will Hunting (1997) ou Milk (2008). Connu pour maitriser aussi bien le cinéma indépendant que les films plus grand public, Nos Souvenirs fait assurément partie de la 2ème catégorie.
Le mariage d’Arthur avec Joan Brennan fut heureux … au commencement. Arthur est un intellectuel qui brade ses compétences d’après sa femme lasse de supporter seule le loyer et les charges. Les disputes sont devenues leur pain quotidien et Joan est alcoolique. Leur foyer n’est plus un refuge mais un ring. La maladie potentiellement létale de Joan ne saurait mieux tomber pour aider ce couple en perdition à retrouver l’intensité et l’innocence originelle de leur amour. Un amour inconditionnel, sans nuages, simple et authentique. Ah si tout de même, un nuage : alors qu’ils recommencent à s’aimer comme au premier jour, Joan meurt …
Ce film est une leçon de vie sur la rédemption […]
Qu’à cela ne tienne, Arthur va se suicider par culpabilité dans un lieu unique selon les souhaits de sa bien-aimée : la forêt d’Aokigahara au Japon. Outre cette histoire dont le propos sonne faux par manque de nuances, cette forêt surnommée « the sea of trees » (mer d’arbres) dû à son immensité est la plus belle trouvaille du film. Parce que ce site existant, aux allures irréelles, accueille un des taux de suicidés les plus élevés au monde. Des pelotes de laine sont tendues entre les arbres pour les indécis qui souhaitent retrouver leur chemin, des tentes, des cordes de pendu trainent à l’abandon, des squelettes aussi … C’est ici qu’Arthur veut tout abréger. Mais il va rencontrer une autre âme en peine, un homme égaré, et tenter de l’aider à quitter la forêt mais ils ont perdu leur chemin …
Ce film est une leçon de vie sur la rédemption symbolisée par la douloureuse recherche d’une échappatoire à cette sombre forêt. L’atmosphère est quasi-religieuse. Quelle religion ? Celle de l’amour, fil directeur du film, qui guide Arthur dans sa quête d’une issue. Ainsi si l’on aime sincèrement et qu’on se repend de nos erreurs, on peut être pardonné, se pardonner soi-même et enfin avancer de nouveau. Des valeurs réconfortantes mais qui paraissent ici sous un jour peu crédible et trop idéaliste, elles en deviennent même irritantes tant elles sont proférées avec conviction.
Le fondement du film, la mort, est tragique mais sa philosophie est très optimiste. Malgré les souffrances, malgré les errances, la force du cœur et la persévérance permettent de s’en sortir. C’est chimérique, un conte pour enfant réadapté pour les grands. Le propos du film divisera sûrement son public : mon parti est celui des désillusionnés qui ne croit pas à ce genre de rédemption mais pour ceux qui ont plus de foi, assurément, ils trouveront matière à l’apprécier et à espérer.
Esthétiquement beau, surréaliste voire mystique, sombre mais secrétant une foi solide en la vie, les valeurs du film sont louables mais le scénario sans nuances décrédibilise l’ensemble.
Alors qu’il semble décidé à mettre fin à ses jours dans la forêt d’Aokigahara, au pied du Mont Fuji, Arthur Brennan se remémore les moments les plus marquants de sa vie de couple : sa rencontre avec sa femme Joan, leur amour, mais aussi l’usure de leur couple et leur éloignement progressif. Paradoxalement, une épreuve dramatique va leur ouvrir les yeux, renforcer leurs sentiments et les réunir à nouveau. Alors qu’il revit ses souvenirs de couple, Arthur réalise comme cette passion a marqué sa vie…
Sortie : le 27 avril 2016
Durée : 1h50
Réalisateur : Gus Van Sant
Avec : Matthew McConaughey, Ken Watanabe, Naomi Watts
Genre : Drame