Outsider ou le revers du rêve américain
Outsider lève le voile sur une histoire autrefois connue de tous aux Etats-Unis et tombée dans l’oublie depuis lors. Le film Rocky porté par Sylvester Stallone, sorti en 1976 et grand vainqueur des Oscars 1977 est loin d’être une histoire inventée de toutes pièces. Sly s’est inspirée de l’histoire vraie d’une gloire locale du New Jersey, Chuck Wepner, confronté à Mohamed Ali dans un véritable combat en 1975 et devenu une star avant de passer 3 ans en prison pour trafic de drogues. Le film revient sur ce destin singulier avec en toile de fond les éternelles chimères du rêve américain.
Un divertissement XXL
Outsider est un film américain 100% pur black angus dans ses qualités et ses limites. L’histoire de Chuck Wepner est contée avec un rythme trépidant, exposant sa faculté innée à toujours se la jouer et à jacasser sans arrêt. Boxeur à la petite semaine obligé de mener des travaux alimentaires pour survivre, l’anonyme quidam de Bayonne dans le New Jersey côtoie les étoiles quand il lui est proposé d’affronter le champion du monde en titre, la légende Mohamed Ali. Ce qu’il fait plutôt bien, en tenant en haleine le public 15 rounds durant. Le combat est un des grands moments du film, la tension est à son paroxysme. Jusqu’à ce que ce combat hors normes inspire un jeune acteur presque inconnu d’origine italienne pour scénariser et jouer Rocky et devenir la star que l’on connait. La caravane de la célébrité a frôlé Chuck Wepner tout en le laissant sur le bord de la route. Le film raconte ses déboires, sa faculté à tromper sans arrêt sa première épouse interprétée par une patiente Elizabeth Moss revenue de Mad Men avant son incarcération et la rédemption au bras de la rousse Naomi Watts.
Une ambiance folle
Outsider fonctionne grâce à son rythme mais également à l’ambiance qu’il installe. La musique Disco résonne partout et gonfle les péripéties du héros avec une incessante rythmique qui tranche avec la nonchalance de son existence. Surtout que ce héros est plutôt un anti héros à la limite de la raclure antipathique. Son comportement avec une épouse trainée dans la boue en dit long sur les limites de son esprit. Liev Schrieber fait plus que tenir la baraque dans ce rôle ingrat de loser magnifique. Sa voix trainante et ses perpétuels errements hiératiques finissent pourtant par attendrir le spectateur désireux de le voir sortir la tête de l’eau. Outsider raconte l’autre face du rêve américain, l’histoire de ceux qui le cherchent sans jamais parvenir à le serrer dans leurs bras. Et au final, le film se suit très bien, surtout qu’il ne dure pas 2 heures comme trop souvent et que les rares temps morts ne suffisent pas à lasser les patiences. Un divertissement hollywoodien réalisé par un Philippe Falardeau déjà auteur d’un Monsieur Lazhar resté dans les mémoires. Va-t-il suivre le chemin de ses compatriotes Denis Villeneuve et Jean-Marc Vallée à Hollywood? C’est tout le mal que l’on peut lui souhaiter!
Outsider est une vraie réussite, le genre de film sans prétention qui réussit à captiver l’audience grâce à la qualité de ses interprètes et à son rythme réjouissant.
L’histoire vraie de Chuck Wepner, négociant en alcools du New Jersey, qui a tenu 15 rounds contre le plus grand boxeur de tous les temps, Mohammed Ali, lors du championnat du monde poids lourds en 1975, avant de finalement s’incliner par K.O. technique. Durant les dix années où il a été boxeur, celui que l’on surnommait « Bayonne Bleeder » a eu 8 fois le nez cassé, a connu 14 défaites, deux K.O., un total de 313 points de suture… et a inspiré le personnage de Rocky Balboa dans la franchise au succès planètaire Rocky.
Sortie : le 10 mai 2017
Durée : 1h38
Réalisateur : Philippe Falardeau
Avec : Liev Schreiber, Naomi Watts, Ron Perlman
Genre : Biopic, Drame