La Passion selon Saint Jean au Théâtre des Champs Elysées
La Passion selon Saint Jean de Jean-Sébastien Bach a fait étape au Théâtre des Champs Elysées avec Stephen Layton à la baguette. Le maestro britannique dirigeait l’Orchestra of the Age of Enlightenment le mercredi 23 mars pour une version puissante et émouvante de l’oeuvre monumentale du compositeur germanique. Le public de l’institution musicale parisienne a chaviré devant une interprétation habitée de l’orchestre accompagné des solistes et du Choeur Polyphony.
L’oeuvre de Bach met en scène la passion du Christ d’après l’Evangile de Saint Jean. De sa capture sur le mont des Oliviers jusqu’à sa mise en terre en passant par son procès et sa crucifixion, le récit de la dernière journée de Jésus est magnifié par un Jean-Sébastien Bach chargé de créer une oeuvre grandiose pour la semaine sainte de 1724. Jouée originellement à l’Eglise Saint-Thomas de Leipzig, l’oeuvre tombe dans les oubliettes avant d’être exhumée par Mendelssohn en 1833. Elle forme avec la Passion selon Saint-Matthieu et la Messe en si mineur une des trois oeuvres religieuses les plus magistrales de Bach. Le texte en allemand recèle de moments de bravoure imprimés dans l’histoire de la musique universelle. Es ist vollbracht (C’est accompli), Herr unser Herrscher (Seigneur notre maitre) ou In Meines Herzens Grunde (Au fond de mon coeur) forment les morceaux de bravoure de 2 heures de méditation musicale.
[U]ne fidélité absolue à l’esprit de l’oeuvre pour un moment de magie musicale.
Les choeurs alternent avec les récitatifs menés par Ian Bostridge en maitre de cérémonie. Le ténor britannique incarne l’évangéliste narrateur en alternance avec les personnages interprétés par les basses, contre-ténors et barytons. Un prompteur permet de suivre la traduction française des textes chantés dans la langue de Goethe. Pas d’entracte pour suivre le récit d’une journée qui a marqué l’histoire. Les répliques sont connues, de Voici l’homme à Je m’en lave les mains ou Avant le chant du coq tu m’auras trahi trois fois, les souvenirs de catéchisme sont d’une aide certaine pour resituer le contexte. Si les passages chantés en solo marquent les moments clés du récit, les choeurs font office de commentaires pour un Bach transcendé par sa dévotion. Les voix s’entremêlent dans des canons où les graves et les aigus se répondent avec majesté.
L’Orchestra of the Age of Enlightenment est connu pour jouer sur des instruments d’époque dans une fidélité optimale aux oeuvres baroques et classiques. Son interprétation de la Passion selon Saint Jean est d’une fidélité absolue à l’esprit de l’oeuvre pour un moment de magie musicale.