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« Phèdre(s) », la mise à nu vertigineuse d’Isabelle Huppert

Phèdre(s), la mise à nu vertigineuse d'Isabelle Huppert
« Phèdres(s) » Isabelle Huppert et Norah Krief photo Pascal Victor

« Phèdre(s) », la mise à nu vertigineuse d’Isabelle Huppert

A partir de trois auteurs contemporains : Wajdi Mouawad, Sarah Kane, et J.M.Coetzee, Krzysztof Warlikowski en prolongement de la tragédie grecque à l’histoire latine, convoque Phèdre au pluriel et met en lumière la complexité de la figure tutélaire, confrontée à la brûlure de l’amour inavouable

Et qui d’autres qu’Isabelle Huppert, actrice hors norme, pour incarner cette héroïne sacrificielle dont le scandale de la passion incestueuse la renvoie à sa douleur, à sa frustration et à sa dévastation originelle. La comédienne offerte à tous les démons est exceptionnelle.

Après un bref prologue de la déesse Aphrodite, trois Phèdre se succèdent. La première politique sous la plume de Wajdi Mouawad, inspirée d’Euripide et de Sénèque, est une orientale confrontée au déracinement, à l’exil, et au massacre. La deuxième possédée, moderne, revisitée par Sarah Kane, se brûle et se consume à son désir transgressif pour Hyppolyte, son beau-fils. Enfin, la troisième, une intellectuelle pédante, de l’écrivain J. M. Coetzee, prend les traits d’Elisabeth Costello, et disserte habillement sur le sentiments amoureux.

[…] une extrême mise à nu

Et cette Phèdre composite, étendard d’un destin féminin, ne fait qu’une aux prises avec une sauvagerie immémoriale mais aussi une ivresse pulsionnelle, tantôt victime ou bourreau, reine ou putain, perverse ou innocente, elle défit l’interdit, l’humain et le divin.

A l’abri d’une scénographie qui télescope avec brio les images, la lumière, les sons, et la temporalité entre l’ici et l’ailleurs, l’ancestrale et le moderne, Warlikowski orchestre une mise en scène hypnotique où des caméras réfléchissent la mise en abîme des personnages.

Où l’abandon des corps inaugure du vertige de l’âme et de la chair sur fond d’un espace clinique aux hauts murs dévoilant un lit, une douche et un lavabo et dont la danse orientale d’ouverture, fiévreuse, de Rosalba Torres Guerrero sur un chant d’Oum Kalthoum préfigure aux cordes de la guitare électrique, la perdition.

[…] une mise en scène hypnotique

Ardente, incandescente, tragique, désarmante, Isabelle Huppert nous laisse KO débout tant la présence, la puissance et la métamorphose de son jeu en une fraction de seconde, imprime une extrême mise à nu.

Ses partenaires Alex Descas, Agata Buzek, Gaël Kamilindi, Norah Krief qui lui donnent la réplique ne sont pas en reste et accompagnent avec une individualité marquante, cette odyssée aux confins de la déraison.

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Dates : du 17 mars au 13 mai 2016 l Lieu Odéon – Théâtre de l’Europe (Paris)
Metteur en scène : Krzysztof Warlikowski

NOS NOTES ...
Originalité
Scénographie
Jeu des acteurs
Mise en scène
Si le droit mène à tout à condition d'en sortir, la quête du graal pour ce juriste de formation - membre de l'association professionnelle de la critique de théâtre de musique et de danse - passe naturellement par le théâtre mais pas que où d'un regard éclectique, le rédac chef rend compte de l'actualité culturelle.
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