Une pièce de théâtre totale au Théâtre Hebertot avec Les Inséparables
Les nostalgiques de la Télé des Inconnus s’attendent à une comédie désopilante en voyant le nom de Didier Bourdon sur l’affiche. De l’humour il y en a, des rires aussi, mais le ton de Les Inséparables est surtout mélancolique et émouvant. L’histoire de cet homme, peintre célèbre mais maussade qui vient de fêter ses 60 ans et a reçu un appartement en leg de la part d’une mystérieuse artiste nonagénaire, touche le spectateur par son accumulation de révélations qui se font dans une ambiance douce amère. Un vrai moment de surprise que cette pièce de théâtre loin d’être aussi évidente qu’attendue!
Une pièce à tiroirs
Quand Didier Bourdon apparait sur la scène, le spectateur ne sait pas trop à quoi s’attendre. La lassitude de son personnage s’étend instantanément sur l’audience avec ses remarques cyniques et son caractère de chien. Peintre célèbre en panne d’inspiration depuis plusieurs années, il hérite d’un appartement parisien de la part d’une inconnue, peut-être admiratrice de son art pictural, en tout cas mystérieuse. Attifé de frusques informes, il semble trainer son mal être comme un boulet. La scène du Théâtre Hebertot contient l’appartement en son entier, juché sur un toupie pour tourner au fur et à mesure de l’action et révéler tous ses recoins. Le procédé déjà utilisé récemment avec brio au Théâtre de l’Europe-Odéon avec Les 3 Soeurs est tout aussi éblouissant et permet de complexifier l’action en multipliant les angles et les points de vue. Un même salon n’est plus tout à fait le même selon la perspective avec laquelle il est regardé. Et puis Didier Bourdon apparait de nouveau vêtu d’un impeccable costume 3 pièces et le spectateur comprend que les sauts chronologiques vont confronter plusieurs générations d’une famille légèrement disfonctionnelle. Les raisons de la relation trouble entre un grand père banquier et son petit fils artiste, tous deux interprétés par le même Didier Bourdon, prend graduellement de l’ampleur jusqu’à la divulgation finale des raisons de leur brouille.
Des personnages secondaires épatants
Aux côtés d’un Didier Bourdon, parfois aussi drôle que dans sa grande époque mais surtout souvent étonnant d’émotion et de subtilité, le casting de la pièce n’y va pas par le dos de la cuillère. Une Valérie Karsenti échappée de Scènes de Ménages fait étalage de ses talents de comédienne bien au delà de ce que lui permet habituellement le programme familial de M6. Thierry Frémont est égal à lui même en indéfectible ami galiériste du héros, Pierre-Yves Bon et Elise Diamant font des jeunes pleins d’entrain et d’innocence. La pièce tourne autour de cette malédiction à l’origine de la brouille entre grand père et petit fils et les raisons apparaissent à la toute fin d’une pièce qui jongle entre truculence et émoi dans une belle sarabande d’émotions contraires. Les comédiens semblent follement s’amuser dans les scènes d’humour et voir les larmes affleurer sur leurs yeux dans les moments d’émotion. La pièce fait réfléchir sur tous ces non-dits qui paralysent les relations humaines et stigmatisent des tensions jamais avouées pour des fêlures qui sautent les générations. L’éternel thème du Famille je te hais pourrait résumer la pièce mais ce serait un peu léger tant Les Inséparables aime brouiller les pistes et creuser le sillon de la psychologie familiale.
Les inséparables est une vraie belle surprise théâtrale avec sa mise en scène éblouissante et ses comédiens au diapason. Une pièce à ne pas manquer pour passer un moment de théâtre unique.
Dates : A partir du 24 janvier 2018
Lieu : Théâtre Hebertot (Paris)
Metteur en scène : Ladislas Cholat
Avec : Didier Bourdon, Valérie Karsenti, Thierry Frémont, Pierre-Yves Bon, Elise Diamant
Nos enfants nous ont offerts 2 places le 25 janvier soit pour la deuxieme representation. Nous y sommes allés sans aucune information sur la piece, c’etait une surprise. Nous avons eu du mal a suivre la piece car a la fin nous n’avions pas compris avec mon epouse que Bourdon jouait 2 roles et que la piece alternait entre 2 epoques distinctes. Nous regretons vraiment que ce fait ne soit pas plus explicite et pensons que la mise en scene en est responsable. Je viens de lire l’oeuvre et maintenant je comprends mieux mais c’est domage d’etre passé a coté au theatre.