Les poings dans les poches de Marco Bellocchio ressort en version restaurée
Le film Les poings dans les poches ressort au cinéma le 13 juillet 2016 en version restaurée. L’occasion de redécouvrir le célèbre opus de Marco Bellocchio qui livrait en 1966 une réflexion sociétale acide sur fond de famille dégénérée. 4 frères et soeurs vivent dans une grande maison avec leur mère aveugle, à tous points de vue, autant physiquement que psychologiquement. Les passions enfouies se révèlent dans le drame via Alessandro, le fils taiseux secrètement amoureux de sa soeur. Pour un résultat perturbant et troublé grâce à sa cruauté sournoise et son cynisme décadent.
Les poings dans les poches est un film claustrophobique tourné vers l’intérieur de cette maison reflet d’une splendeur passée. Elle voit ses occupants déambuler et rêver de la quitter. Il y a Alessandro (Lou Castel), le fils taciturne au regard perpétuellement enfiévré. Sa soeur Giulia (Paola Pitagora), belle et piquante. Leur frère Augusto (Marino Mase) en passe de se marier et de quitter le cocon familial. Tous 3 vivent (ou survivent?) en prenant soin de leur mère aveugle et de leur frère Leone (Pierre Luigi Troglio) le frère handicapé mental. Une sourde tension empreint des rapports tout mêlés de rivalité et de conscience des implacables limites des protagonistes. Ces 5 personnages semblent témoigner d’une dégénérescence fin de race bien loin des ancêtres flamboyants représentés sur toutes les photos placardées sur les murs.
Augusto, bien que le plus fringant, est lui-même atteint des mêmes tares que la fratrie avec ses crises d’épilepsie apparemment héréditaires. Le poids de la génétique pèse sur une famille obligée de se recroqueviller sur elle-même pour attendre que les jours passent. Quand Alessandro décide de hâter le destin, les drames se succèdent en cascade. Les moments de deuil deviennent des opportunités pour penser au lendemain et le frère perturbé se transforme en ange de la mort, comme s’il voulait faire table rase du patrimoine génétique déficient de la famille et épargner le reste de l’humanité de leurs tares. Le rythme lent du film donne à chaque péripétie un caractère providentiel. Et les sorties en voiture s’imprègnent de tension dramatique tant chaque virage peut potentiellement se transformer en sortie de route.
Un vrai plaisir que de revoir ce film italien implacable et anxiogène sur grand écran en copies neuves. Il y a du Hitchcock époque Psycho dans cet opus mal connu et pourtant si fascinant. Avec un air de Famille je vous hais qui ne laisse de surprendre par son extrémisme nerveux et impitoyable
Sortie : le 13 juillet 2016
Durée : 1h45
Réalisateur : Marco Bellocchio
Avec : Lou Castel, Paola Pitagora, Marino Mase
Genre : Drame