Le professeur de violon ou la belle utopie de la musique classique salvatrice

Un professeur de violon est un film brésilien de Sergio Machado. Un ex-prodige du violon échoue à une audition pour intégrer une prestigieuse formation classique. Il devient professeur de violon dans une favela pauvrissime de Sao Paulo et doit faire face au quotidien violent de ses élèves. Un film qui interroge plus sur la réalité sociale d’une supposée puissance économique que sur la place assez caricaturale accordée à la musique classique comme échappatoire à une réalité désenchantée. Il reste néanmoins ces belles perles de musique classique, émouvantes et pleines de sens.

Canons de Pachelbel, Beau Danube Bleu de Strauss, Suite n°3 de Bach, Erbarme dich tiré de la Passion selon Saint Mathieu du même Bach, le film ne recule devant aucun classique pour illustrer le rôle positif de la musique ancienne dans l’apaisement des moeurs. La caricature n’est pas évitée mais le film ne se veut jamais donneur de leçons. C’est avant tout une fable sans concession sur le quotidien compliqué de la jeunesse des favelas. Jouer d’un instrument dans un orchestre classique amateur est bien peu de choses quand le dénuement et les tragédies familiales occupent la plus grande partie de l’existence. Les grands compositeurs classiques deviennent une lucarne d’espoir, une respiration pour s’extirper de la grisaille ambiante. Et entendre un air de Bach après une scène de fusillade fait froid dans le dos.

Il existe de nombreux films sur la place occupée par la musique dans une société capitaliste de plus en plus déshumanisée. Lazaro Ramos fait un prof très sosie d’Idriss Elba et la troupe de jeunes acteurs fait plaisir à voir. Les voir se débattre avec leurs instruments, avant de livrer un concert hommage à un des leurs, produit une émotion étonnante, authentique. Si le scénario est par trop prévisible et classique, il n’empêche pas l’émotion de s’imposer par delà les poncifs. Car la réalité sociale n’est pas usurpée et rappelle à quel point le Brésil est un pays multiple avec une bonne partie de sa population livrée à elle même. Bach ne remplira certainement pas les gamelles mais apportera ce supplément d’âme qui agrémente une existence.

Laerte, talentueux violoniste, rêve depuis toujours d’intégrer l’orchestre symphonique de São Paulo. Dévoré par le trac, il échoue à l’audition et accepte à contrecœur d’enseigner la musique à des adolescents d’Heliópolis, la plus grande favela de la ville. Dans cet univers pourtant hostile, où gangs et dealers règnent en maîtres, Laerte va tisser des liens forts avec ses élèves, découvrir des talents insoup- çonnés et changer leur vie à jamais.