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« Rain » ou le vocabulaire électrisant et dense d’Anne Teresa de Keersmaeker
Oeuvre majeure de Teresa De Keersmaeker pour dix danseurs, « Rain » est un défi chorégraphique qui entraine les interprètes dans une énergie collective irrépressible, où le mouvement naît de la musique en direct et, comme elle, s’intensifie et se démultiplie pour une émotion hypnotique.
Chorégraphiée sur la partition Music For 18 Musician, de Steve Reich, virtuose minimaliste, et le motif de la spirale, la pièce initie une danse à l’énergie explosive où les ressorts se puisent à la polyphonie des sons.
Un élan pulsionnel
Entre jaillissement perpétuel et rupture déconstruite, la pièce se développe en variations multiples et infinies où chaque danseur est à la fois soliste à l’abri de sa propre chorégraphie et un élément collectif relié avec les autres dans un élan rythmique.
La scénographie épurée, signée de Jan Versweyveld, fait pleinement corps avec le vocabulaire. Constituée d’un rideau semi-circulaire de fines cordes suspendues qui ne seront en mouvement qu’à deux reprises durant toute la pièce (créant notamment à la fin du spectacle une très belle image cinétique grâce à l’onde générée par une danseuse), elle ouvre une aire pour les interprètes, vêtus de tenues de ville couleur chair et rose fuchsia crées par le couturier Dries Van Noten.
Où sous des éclairages crépusculaires et en correspondance avec le changement des costumes, les danseurs courent, s’immobilisent, repartent encore, se déséquilibrent soudain, puis bondissent à nouveau au-dessus du sol qui est marqué de lignes géométriques.
Une émotion hypnotique
Leur mouvement s’irriguant de la musique et de ses pulsations répétitives qui, dans un élan vital sans cesse recommencé, se font écho.
Puis, un intense spot de lumière blanche vient balayer le tour extérieur du rideau en demi-cercle à la fin du ballet pour un final en apothéose où dans un reflet sculptural les énergies classiques et contemporaines ne font plus qu’une.
Date : 11 septembre 2018 à 20h30 sur la chaîne Mezzo
Chorégraphe : Anne Teresa de Keersmaeker