Rencontre avec le chanteur Benoit Dorémus pour son nouvel album « En tachycardie »
Le 5e album de Benoît Doremus En tachycardie est l’occasion d’une rencontre avec l’artiste. Dans ce qui ressemble à un entrepôt de guitares de légende, le chanteur français répond aux questions de l’interviewer débutant avec une simplicité confondante. Une discussion toute en convivialité s’instaure pour décrypter les influences et les coups de coeur. Ne manque qu’une pinte de bière pour refaire le monde entre une référence à House of Cards et une évocation de Bob Dylan.
Première constatation, le coeur de Benoît Dorémus semble aller plutôt bien. Et s’il bat la chamade, ce n’est que le reflet de son excitation actuelle. Enregistrer un album 5 ans après le précédent 2020 le met en joie et les premiers retours positifs le ravissent. Le monde de la production musicale est beaucoup plus frileux que celui des années 70 et c’est le financement participatif qui a permis l’enregistrement du nouvel opus. Si les contraintes budgétaires des maisons de production ont pesé, cela n’a pas douché l’enthousiasme du chanteur. Loin d’avoir couper les ponts avec son public, Benoît Dorémus enchaine les concerts depuis 5 ans avec en point d’orgue la première partie de la récente tournée de Francis Cabrel. Seul sur scène, Benoît Dorémus s’est mis à rêver de s’entourer d’un groupe d’envergure. C’est maintenant chose faite. Il retrouve des musiciens accompagnateurs pour une tournée qui passera par les Trois Baudets à Paris et de grandes villes de province. Les dates sont disponibles sur le site Internet du chanteur.
« Marque ton stop que j’t’embrasse » ou « Brassens en pleine poire » résultent de ces pioches magiques qui marquent l’avènement de nouvelles chansons.
Le monde de la chanson française a adopté Benoit Dorémus et les parrains illustres n’ont cessé d’accompagner les étapes de son encore jeune carrière. Débutée sous le patronage amical de Renaud, ce n’est que pure coïncidence si En Tachycardie sort en même temps que le sursaut salvateur de Mister Renard. Maxime le Forestier et Alain Souchon marquent également la carrière du chanteur compositeur dans cette démarche de pont entre les générations. La transmission est une valeur ardemment défendue par des parrains soucieux de perpétuer et d’accompagner. Après la période faste des chanteurs à texte au début des années 2000, la mode est plus aux sonorités électroniques qu’aux scènes de vie réalistes. Mais la chanson française est inscrite dans les gênes du chanteur et rien ne l’éloignera de son micro et de sa guitare. Depuis ses débuts dans les cafés concerts enfumés, Benoît Dorémus a fait son petit bonhomme de chemin jusqu’à susciter l’engouement d’un public fidèle.
Benoit Dorémus farfouille dans ses influences pour composer des saynètes musicales. Les chansons d’amour douces amères font revivre des pensées gribouillées au fil de l’eau dans ses innombrables cahiers de notes. Marque ton stop que j’t’embrasse ou Brassens en pleine poire résultent de ces pioches magiques qui marquent l’avènement de nouvelles chansons. Si le rythme des paroles peut se faire plus énergique, la faute en incombe à l’influence surprenante d’Eminem. Fasciné par l’énergie déployée par le Slim Shady dans ses compositions pleines de rage et d’autodérision, Benoît Dorémus s’inspire de son flow soutenu. Et si les artistes sont des Bêtes à chagrin, c’est autant pour souligner leur sensibilité à fleur de peau que pour les comparer à ces petites bêtes fragiles que sont nos amis domestiques.
La discussion file sur le choix de Kiss Kiss Bank Bank pour le financement participatif, moyen de financement très dans l’air du temps et reflet de l’affection constante des fans. Assez peu d’organismes vraiment visibles, le choix fut autant pragmatique que bénéfique. Et si la tachycardie est la marque des périodes d’angoisses passées, elle résulte aussi de l’excitation de ce nouvel album salutaire. Preuve en est ce cadeau d’Alain Souchon sur Dernièrement (Acte V) dans une apparition discrète mais marquante. L’évocation des débuts ingrats mais formateurs et enrichissants fait briller les prunelles d’un Benoît Dorémus conscient du chemin parcouru. Sont-ce les ondes provenant des photos de John Lennon ou Johnny Cash accrochées aux murs que les noms d’illustres ainés tombent dans la discussion ? Gainsbourg, Dylan, la filiation est illustre et de bon augure.
Reste à écouter le dernier album de Benoît Dorémus pour vous laisser enchanter par cette musique chantante et entêtante. L’album est disponible, de quoi vous donner envie d’aller l’écouter sur scène !