Le Souper, une pièce pour fins gourmets au Théâtre de Poche Montparnasse
Le dénouement de l’épopée napoléonienne sert d’enjeu à une pièce de théâtre qui fait la part belle aux finesses les plus extravagantes de la langue française. Les deux comédiens Daniel et William Mesguich interprètent des Talleyrand et Fouché qui s’affrontent sur la suite à donner pour la France, restauration de la Monarchie ou proclamation de la République. Le ton se veut cérémonieux mais les enjeux sont avant tout personnels. Qui bénéficiera de la meilleure place dans le régime à venir, tel est l’intrigue principale du Souper sur les planches du Théâtre de Poche Montparnasse.
Une pièce tout en doigté
Dès les premières minutes, les échanges donnent le ton. Le subjonctif plus-que-parfait côtoie les coups à fleurets mouchetés entre deux personnages qui s’estiment autant qu’ils se haïssent. Fouché est le chef de la police, bénéficiaire d’imposants dossiers sur tout ce que la France compte d’homme de pouvoir, le rendant aussi craint que courtisé. Talleyrand est un diplomate, évêque défroqué qui adore rien de moins que la bonne chaire et les plaisirs de ce monde, il est surtout l’ami des puissants et fin diplomate. Napoléon le décrivait comme de la merde dans un bas de soie, rendant bien hommage à la stature de l’homme. William Mesguich investit le premier de son énergie physique malgré une perruque brune alliée à des favoris qui cachent son imposante chevelure blonde habituelle pour bien rentrer dans le personnage. Daniel Mesguich prête sa voix persifleuse pour revêtir le second d’une imposante perruque poudrée quo rend compte de la sournoiserie du personnage. Dans un décor très début XIXe, tous deux ripaillent tandis qu’ils s’affrontent adroitement dans un langage riche de doubles sens. Chacun profite de la moindre maladresse pour saisir son interlocuteur et le reprendre sans ménagement. Les manières y gagnent ce que l’affection y perd.
Une intrigue florentine
Tous deux défendent d’abord leurs prérogatives. Fouché réclame l’instauration de la République tandis que Talleyrand prône le retour de la Monarchie par l’intermédiaire de Louis XVIII tapis à Saint-Denis tout proche. Si les enjeux politiques occupent une très grande partie de la conversation, il apparait très tôt que l’intérêt principal réside dans le futur personnel des deux personnages. La foule parisienne blottie dans la rue à l’entrée de l’immeuble figure un troisième personnage qui met la pression sur deux hommes qui doivent arriver coute que coute à un accord en moins de 2 heures pour assurer leur avenir. Le décor royaliste figure les gouts très sûrs de Talleyrand et son appétence pour le confort fastueux. L’avenir du peuple devient une broutille quand tous deux devisent sur les exploits et avanies passées pour mieux cerner les meilleures possibilités respectives d’avenir. Sur le rythme d’une langue française magnifiée à chaque phrase, les comédiens s’affrontent sur un tapis de velours qui leur permet, en cas de légère glissade rhétorique, de toujours retomber sur leurs pieds avec un minimum de souffrance.
Le Souper se déguste avec appétit tant les deux comédiens savent mettre l’eau à la bouche et proposer un festin d’expressions françaises désuètes. Le numéro d’acteur est à son apogée pour un véritable délice au Théâtre de Poche Montparnasse.
Dates : à partir du 6 janvier, du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 15h
Lieu : Théâtre de Poche Montparnasse (Paris)
Metteur en scène : Daniel et William Mesguich
Avec : Daniel et William Mesguich
On connaît la pièce c’est un bijou de finesse
On connaît Mesguish excellent acteur
On a découvert le fils
Mais quel dommage Daniel est presque inaudible !
Le soir où j’y étais, pas de problèmes pour l’entendre, j’étais au 6e rang. Ca doit dépendre des soirs, je suppose…